Une municipalité et une population qui souhaitent le départ d’une entreprise présente depuis 50 ans? Plutôt rare par les temps qui courent. Sauf si l’emprise de cette société, Butagaz, est un nouveau site de stockage de gaz propane, classé Seveso S, avec un réservoir sous talus de 600 mètres cube de GPL. A Arnage (Sarthe), depuis plusieurs mois, on observe avec inquiétude l’avancée des travaux: une nouvelle cuve, 3.000 tonnes de béton armé, pour 50 cm d’épaisseur. Un investissement de l’ordre de 6 millions d’euros pour Butagaz.
Deux associations d’opposants (l’association sarthoise de défense de l’environnement et de la nature ainsi que l’association des habitants des écarts d’Arnage) dénoncent les préconisations du plan de prévention des risques technologiques (PPRT), avec un périmètre de sécurité insuffisant (proximité de l’aéroport et des voies de chemin de fer) et le coût de travaux de sécurité que devraient réaliser les habitants de 17 maisons situés à proximité du site de stockage. Estimant avoir été « mis devant le fait accompli » par les services de l’Etat, ils affichent une posture de refus radicale (« faisons en sorte que ce site disparaisse de la commune d’Arnage ») tout en déplorant que Butagaz ne soit même pas prêt à assumer les travaux de sécurisation des habitations, évalués à 150.000 euros (chassis et fenêtre à remplacer pour lutter contre les bris de vitres).
André Langevin, maire d’Arnage, estime n’avoir pas été écouté par les services de l’Etat: « il y a des améliorations et certaines réponses ont été apportées, confie-t-il à la chaîne Le Mans TV, mais le risque existe toujours ». Dans le dernier bulletin municipal, il affiche lui aussi son souhait de voir Butagaz quitter la commune: « chacun a pu prendre connaissance, par voie de presse, de la livraison et de la mise en place du réservoir de la société Butagaz. Ces aménagements ne modifient en rien la position du conseil municipal qui s’est prononcé à plusieurs reprises pour le départ de l’entreprise de son territoire. En ce sens, nous continuerons d’être vigilants dans la discussion avec les services de l’Etat sur la mise en place du PPRT ».
A la préfecture, on rétorque que plusieurs comités départementaux d’évaluation des risques et deux commissions locales d’infremation et de concertation ont eu lieu. Une réunion publique est organisée le 27 octobre. L’arrêté de reprise d’exploitation doit être signé à mi-octobre et l’enquête publique est prévue pour janvier.

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Après publication de cette actu, Butagaz nous a transmis son dossier de presse, dans lequel il indique que son action s’inscrit dans le cadre d’une « législation de plus en plus exigeante » et rappelle que le site n’a connu aucun accident en 50 ans. « Au regard de la proximité de ces installations de la zone désormais urbanisée de la ville d’Arnage, Butagaz a décidé de rationaliser et de repositionner l’ensemble de ces activités en les éloignant au maximum des zones habitées. Ce nouvel agencement est rendu possible par la surface foncière du site (14 hectares) qui permet d’implanter les nouvelles installations à environ 300 m des installations d’origine » est-il également précisé.
Cliquez
ici pour consulter le dossier de presse Butagaz – Arnage (attention, document PDF de 6 Mo).

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Voir le reportage vidéo de Le Mans TV (8 octobre).