Energie2007 est présent aux deuxièmes Journées internationales de sociologie de l’énergie (JISE) qui se tiennent à l’université François-Rabelais de Tours.

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Dans cette table-ronde animée par Dominique Desjeux, professeur émérite à l’Université Sorbonne Paris Cité, on examine le rôle ou le positionnement du sociologue embarqué.

Vers les consommateurs
« Quand on demande aux gens comment ils envisagent leurs murs et leurs cloisons, ils pensent à l’espace », observe Pauline Lavagne d’Ortigue, directrice du design et de l’expérience utilisateur à Saint Gobain (1). Ce qui change complètement l’approche de l’entreprise. « Ce sont des évidences invisibles en sociologie », souligne Dominique Desjeux.

Christophe Reinert, directeur du projet Smart electric Lyon pour EDF évoque les résultats d’une enquête menée dans un bâtiment près de Lyon, où la performance énergétique passait par la restitution de données de consommation au jour le jour. Pour que cela réussisse, il fallait appréhender la situation, « comprendre le rapport de force entre locataires installés depuis plus de 10 ans, qui se considéraient comme propriétaires des lieux, et leur bailleur. »

« La mise en ligne sur internet des données de consommation issues des compteurs communicants ne suffira pas, indique Anthony Mazzenga, délégué stratégie à GRDF. Il faudra des démarches de concertation, d’accompagnement, avec des acteurs locaux (associations collectivités… »

Dans les entreprises
Dans une entreprise, transformer les rapports en action est loin d’être simple, estime Pauline Lavagne d’Ortigue (Saint Gobain). La question « combien le rapport a coûté » est essentielle. « S’il n’a pas coûté très cher, il y a peu de chances qu’il soit mis en action » – ça ne concerne pas que les sociologues.

Il faut « discuter, se battre, par exemple pour que la voix du sociologue soit retenue dans le programme d’un colloque, observe Albane Gaspard, socio-économiste à l’ADEME.
Les analyses des sociologues sont « parfois révélatrices de l’immaturité des grands groupes », estime Christophe Reinert (EDF).

« Nous sommes parfois arrivés devant le service marketing avec plein d’études sociologiques derrière nous, se souvient Anthony Mazzenga (GRDF). En leur disant : « nous avons une bonne nouvelle pour vous, le consommateur d’énergie n’existe pas. Il se vit comme quelqu’un qui se lave, cuisine, se chauffe… » En fait, ce discours R&D suscite « un regard désemparé de nos interlocuteurs internes. »

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1) Saint-Gobain vient de recruter Hélène Subrémon, sociologue, lauréate du Prix de l’AARHSE 2012.