Suite de nos instantanés des deuxièmes Journées internationales de sociologie de l’énergie (JISE) qui se tenaient à l’université François-Rabelais de Tours (1-3 juillet 2015).

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Cette table-ronde animée par Gaëtan Brisepierre, sociologue indépendant, confronte les expériences d’acteurs territoriaux

« On a embarqué un sociologue, des architectes, des artistes…, pour amener les experts à s’adapter aux besoins des habitants », détaille Jérôme Capelle, responsable de l’innovation à Pas-de-Calais habitat (800 salariés, 100.000 locataires). « Ce n’est pas l’extérieur qui regarde le logement » et formule des préconisations. Il est impossible de « généraliser les repères et les usages, car il y a différents types de bâtiments et de logements. » Ce qui n’exclut pas d’essayer de « reproduire les bonnes pratiques. »

« Avec l’ouverture à la concurrence et la séparation des activités de fourniture et distribution, les autorités concédantes sont de plus en plus conduites à assumer en direct des missions de service public », indique Jean-Luc Dupont, maire de Chinon et président du Syndicat intercommunal d’énergie d’Indre-et-Loire (SIEIL). Mais aussi d’intervenir dans la planification territoire (SRCAET, SIG, déploiement de bornes de charge pour véhicules électriques) ou la production d’énergies renouvelable.
« Quels sont les acteurs qui sont moteurs ? Lesquels représentent un frein ? Ce sont à ces questions que les sociologues nous aident à répondre », explique Louis Henry, architecte, chef de projets éco-quartiers et éco-cities (1) à la Caisse des dépôts et consignations.

« Dans les éco-gestes, la place de l’humain prend tout son sens. », estime Thibaut Oustry, responsable du pôle sobriété énergétique à l’ALE de l’agglomération lyonnaise. On est vraiment confrontés aux diverses attitudes d’appropriation ou non du changement. Dans ce cadre, on a besoin de travailler avec des sociologues.

Aucun fournisseur, aucun sociologue, aucun expert… « Personne n’est allé à la rencontre des habitants », lance Jérôme Capelle (Pas-de-Calais habitat). Ce sont « leurs interlocuteurs habituels, les gardiens », qui ont porté le travail sur les économies d’énergie, après avoir été « formés par des sociologues. »

Linky doit permettre de « changer les habitudes de consommation comme, par exemple, mieux s’adapter aux périodes de pointe, rappelle Jean-Luc Dupont (SIEIL). On a lancé en parallèle une autre étude, sur l’effacement diffus, avec Touraine habitat. Nous avons installé 5.000 boitiers pour en évaluer l’impact sur la population. » Le SEIL a mesuré le « ressenti dans l’habitat. » Les résultats sont très amusants. Il y a ceux qui disent avoir ressenti une gêne alors qu’ils étaient dans l’échantillon placebo qui n’avait pas été coupé, et inversement. » En parallèle, une étude a été conduite auprès de 2.500 consommateurs Linky et a conclu à des « résultats très mesurés » sur les apports du compteur. D’où une réflexion sur l’affichage déporté.

« C’est un peu une caractéristique française de vouloir décliner à l’échelle nationale ce qui a bien marché quelque part, précise Jean-Lc Dupont (SIEIL). Il y a des différences, les gens ne visent pas tous de la même manière ! »

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1) « Une éco-cité est une ville qui va s’accroître de plus de 50.000 habitants dans les 10 ans à venir. »