Dans un rapport rendu public ce 27 novembre, mais non encore disponible sur le site de l’OPECST, Jean-Claude Lenoir, sénateur de l’Orne (UMP), et Christian Bataille, député du Nord (PS), ont pris position en faveur de « techniques alternatives à la fracturation hydraulique pour l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures non conventionnels. »

Au lendemain d’une position favorable de l’Académie des sciences à l’exploration à des fins de recherche, ce rapport remet de l’huile sur le feu d’un sujet devenu explosif.

Les rapporteurs estiment « que le dossier du gaz de schiste a été diabolisé en France », selon des propos rapportés par l’AFP. «  »Nous ne disons pas qu’il faut consommer plus d’hydrocarbures. Nous disons qu’il faut consommer moins d’hydrocarbures progressivement, mais que les hydrocarbures que nous consommons doivent en priorité venir de notre sous- sol si ces ressources sont avérées. »

Jean-Claude Lenoir et Christian Bataille proposent d’évaluer les ressources françaises grâce à « quelques dizaines de forages expérimentaux » qui permettraient de tester « la fracturation hydraulique améliorée ou des techniques alternatives ».

Réactions
ecorpStim: le butane, alternative prometteuse
L’une d’entre elles, la stimulation au propane, est identifiée comme une « alternative opérationnelle et prometteuse », souligne la société ecorpStim (eCORP stimulation technologies, LLC), qui la met en oeuvre et a rapidement salué cette position. « La stimulation au propane pur (PPS) est aujourd’hui la seule technique déjà opérationnelle pour extraire des gaz et huiles de schiste sans eau et sans additifs chimiques. L’impact environnemental du processus d’extraction est ainsi considérablement réduit », précise ecorStim, qui plaide pour « la technique de stimulation au propane non-inflammable  (…). L’utilisation de cette forme fluorée de propane garantit en effet la sécurité des opérations aussi bien pendant les phases de stimulation que de stockage et de transport. Enfin, les plateformes de forage sur lesquelles la technologie NFP est utilisée ne font pas l’objet d’un classification Seveso. »

EELV: aucune cartographie précise sur la faisabilité
Inversement, Corinne Bouchoux, sénatrice de Maine-et-Loire, et Denis Baupin, député de Paris, estiment que ces « techniques comme l’utilisation du propane sont promues sans aucun bilan de rendement ni évaluation des substances toxiques introduites ou libérées en sous-sol. » Les élus EELV observent en outre que « le rapport ne fournit aucune cartographie précise sur la faisabilité éventuelle de prospections et de futures exploitations sur l’ensemble du territoire. Les nappes phréatiques, forêts, terres cultivables, zones habitées ne sont jamais prises en compte, tout comme la limite des réserves, la brièveté de l’exploitation éventuelle, en comparaison avec l’énergie dépensée pour la fracturation et les dommages irréversibles pour l’environnement et l’eau potable. »

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Hess: décision en attente
Car le débat ne porte pas uniquement sur les techniques d’exploration. Les opposants contestent le recours aux énergies fossiles, qu’elles soient produites en France ou non.

Ainsi, lors des questions au gouvernement, Denis Baupin (photo) a demandé des précisions au gouvernement sur sa position quant aux demandes de permis Hess oil, associant « le député Jacques Krabal à (sa) question. »

En l’absence de Philippe Martin « retenu à Madrid », dans sa réponse, Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole du gouvernement, a rappelé la décision du Conseil constitutionnel, soulignant que la « fracturation hydraulique était à ce jour la seule technique disponible » (le rapport de l’OPECST n’a pas encore dû lui parvenir). Pour les sept permis évoqués, elle a évoqué les contacts pris par le ministre de l’Ecologie, puis indiqué qu’il prendrait « sa décision en ayant en tête à la fois le respect du droit et de l’environnement. »