Chaque année, les Amis de la terre décernent les prix Pinocchio du développement durable, récompensant ainsi des entreprises dont le discours est, selon l’association, en contradiction avec les actes.

Pour l’édition 2011, 12 entreprises « concourent » dans 3 catégories :

La catégorie « Une pour tous, tout pour moi! » vise les entreprises « ayant mené la politique la plus agressive en terme d’appropriation et de surexploitation des ressources naturelles ».

> On y trouve les sociétés Tereos, groupe agro-industriel français spécialisé dans la transformation de la betterave, de la canne à sucre et des céréales, qui « nourrit nos voitures… et affame le Mozambique », le géant mondial malaisien Sime Darby, et Bolloré avec sa « Bluecar: un choix pas si « éthique » que ça! ». la politique de Bolloré visant l’exploitation du lithium est ici pointée du doigt pour ses « conséquences désastreuses sur la ressource en eau, provoquant des dégâts considérables, et notamment des diminutions du niveau des nappes phréatiques. » Les Amis de la terre s’immiscent ainsi dans le débat autour de l’arrivée des autolib’ parisiennes: « le service AutoLib, exploitant la Bluecar de Bolloré dans les rues parisiennes, aime à revendiquer son «impact tangible sur l’environnement» : les populations chiliennes en sont les premiers témoins. »

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La catégorie « Plus vert que vert » cible « l’entreprise ayant mené la campagne de communication la plus abusive et trompeuse au regard de ses activités réelles. »

>Y figurent Vinci (aéroport de Notre Dame des Landes), Veolia Eau (fermeture de la station d’épuration Bruxelles Nord en décembre 2009, « désastreuse gestion déléguée de l’eau dans la capitale marocaine, Rabat, depuis près de dix ans ») et l’Observatoire du Hors-Média (« campagne intitulée «J’aime mon prospectus» »).

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Enfin, trois entreprises « participent » au prix « Mains sales, poches pleines », qui sera décerné à celle ayant mené la politique la plus aboutie en terme d’opacité et de lobbying.

> On y trouve la Société générale qui « finance les futurs Fukushim (du haut de son) 4ème rang mondial des banques finançant le secteur nucléaire. La banque à «l’esprit d’équipe» est ainsi le coordinateur du consortium de banques privées à l’origine d’un financement de 1,1 milliard d’€ pour la construction du réacteur nucléaire Angra 3 sur la côte de l’Etat de Rio de Janeiro au Brésil »). La société Toreador, désormais célèbre, qui détient « plusieurs permis d’exploration d’huiles de schiste dans le Bassin parisien (…). Dans le cadre de la loi du 13 juillet 2011, Toreador s’est récemment engagé à ne pas utiliser la technique tant décriée de la fracturation hydraulique, et surtout à renoncer à toute exploitation d’huiles de schiste dans le Bassin parisien. Une même promesse avait été formulée en mars 2011 dans une lettre adressée à la population et visant à apaiser les manifestations d’opposition à ces permis.Pourtant des documents internes à l’entreprise viennent clairement prouver le contraire! »
Enfin, la société « Perenco finance une exposition sur les Mayas à Paris… et les militaires au Guatemala ». Cette entreprise pétrolière franco-anglaise dispose d’une « concession située dans le Parc National de la Laguna del Tigre, la plus grande zone humide d’Amérique Centrale. » Les conditions du renouvellement de cette concession se sont faites dans « un climat de trafic d’influence », indique Les Amis de la terre, évoquant aussi des menaces d’expulsion pour les habitants qui « ne peuvent pas obtenir de titres pour leurs terres » et font face à un « imposant dispositif militaire déployé dans la zone », financé par Perenco. « Connue pour être une entreprise qui «aime la discrétion», Perenco s’est offert une vitrine de choix au musée du Quai Branly à Paris en finançant une exposition sur les Mayas. » Le Collectif Guatemala a établi un « rapport Perenco, exploiter le pétrole coûte que coûte (attention: PDF de 12,5 Mo) » consacré aux conséquences sociales et environnementales des activités de la société.

Pour voter, c’est ici.

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La cérémonie publique de remise des prix se déroulera le jeudi 17 novembre 2011 chez Mains d’Oeuvre, 1 rue Charles Garnier, à Saint-Ouen (93).