Dans une interview accordée aux quotidiens BIP et Enerpresse, Gérard Mestrallet, PDG de GDF Suez, indique que rien de le fera renoncer à l’objectif « d’être un jour producteur d’énergie nucléaire dans l’Hexagone ».

Nous publions ci-après quelques extraits de cet entretien.

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Nucléaire
BIP/Enerpresse. Allez-vous sortir du projet de Penly ?
Gérard Mestrallet. Je ne souhaite pas à ce stade commenter
cette information parue dans la presse la semaine dernière.

BIP/Enerpresse. A-t-on besoin d’Atmea ?
Gérard Mestrallet. Franchement 1.000 MW sur un parc de 120.000MWcela ne va pas changer profondément les équilibres. D’autant que la France importe de plus en plus d’électricité. En définitive, il n’y a que des avantages pour la collectivité à construire ce réacteur. J’ajoute que GDF Suez ne demande aucune subvention pour le construire.

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Tarifs, factures…
BIP/Enerpresse. La CRE a demandé au groupe de re-travailler la formule de calcul pour établir ses tarifs réglementés. Vous vous êtes engagé à proposer un nouveau modèle très prochainement. Quand ? Quelles sont les évolutions à attendre ? Où en êtes-vous de la renégociation de vos contrats avec vos fournisseurs à la lumière de la baisse des prix depuis deux ans ?
Gérard Mestrallet. C’est fait, nous avons proposé une nouvelle formule tenant compte des renégociations en cours de nos contrats. J’ai toujours dit que l’on ferait bénéficier les consommateurs français des réductions que nous pouvions obtenir des grands fournisseurs. Nous avons fait des propositions en ce sens. La renégociation des contrats de long terme est finalisée avec la quasi-totalité de nos fournisseurs. Nous avons obtenu d’intégrer une proportion de prix de marché (spot) d’environ 10 % au lieu d’une indexation à 100 % sur les prix du pétrole. Nous avons aussi obtenu plus de flexibilité sur les volumes. Mais n’oublions pas qu’intégrer un prix spot dans les contrats de long terme constitue un risque. Il faut garder en mémoire que les contrats long terme sécurisent l’approvisionnement en gaz des consommateurs et les mettent à l’abri de ruptures soudaines. Ces derniers protègent également le consommateur français de la grande volatilité des prix constatée sur les marchés de court terme.

BIP/Enerpresse. Etes-vous inquiet de l’enquête en cours sur les surfacturations présumées de vente de gaz et d’électricité?
Gérard Mestrallet. Nous reconnaissons que nous avons des progrès à faire pour réduire le nombre d’erreurs et mieux les traiter mais nous sommes totalement sereins et confiants quant aux surfacturations. Le groupe ne surestime pas les factures de ses clients, au contraire. Nous avons plus de 10 millions de clients particuliers en France et nous éditons 40 millions de factures par an. Les factures sont établies à partir d’estimations de consommation ou à partir de relevés mensuels effectués par les clients. Pour les clients mensualisés, nous avons constaté, à fin août, que dans 75 % des cas, le groupe sous-estime les consommations réelles et ce sont les consommateurs qui nous doivent de l’argent. Cependant, nous serons bien entendu à l’écoute des recommandations du Médiateur de l’énergie.

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Projet de loi sur la nouvelle organisation du marché de l’électricité (Nome)
BIP/Enerpresse. Une dérive des tractations autour du projet de loi Nome risque de faire que la concurrence sur le marché domestique ne soit pas favorisée. Est-ce acceptable pour vous?
Gérard Mestrallet – Absolument pas, c’est inacceptable. Nous souhaitons le développement de la concurrence sur le marché des particuliers. Nous avons nos clients gaz à qui nous souhaitons proposer une offre électrique. Et pour ce faire, il faut que le prix de cession auquel EDF doit vendre son électricité nucléaire à ses concurrents soit le même que celui qu’il incorpore dans le tarif bleu, soit 35 euros/MWh. L’autre solution, si l’on impose un prix de cession autour de 40-42 euros, est d’augmenter les tarifs. Nous ne le demandons pas. Nous souhaitons uniquement les conditions qui permettent une concurrence équitable sur le marché des particuliers.