Energie2007 est présent aux journées internationales de sociologie de l’énergie (JISE) qui se tiennent à l’université François-Rabelais de Tours.

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Le texte complet de l’intervention est en ligne ici, l’auteur nous indiquant que « quelques raccourcis (…) durcissent (son) propos ». Nous plaidons coupable en nous réfugiant derrière la prise de notes en séance.

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Gaëtan Brisepierre, sociologue, revient sur l’installation des compteurs communicants. Ces compteurs seront financés par les consommateurs, en contrepartie d’économies potentielles qu’ils permettraient. «Ce présupposé ne s’appuie pas sur des enquêtes empiriques, mais sur trois croyances » :
– Croyance en l’«homo economicus». Etre mieux informé permet de faire des choix rationnels. Ce n’est pas toujours le cas.
– Il existerait un gisement comportemental d’économies d’énergie. Il est très largement surestimé.
– Une « pensée magique » de la technique, le compteur serait « un totem du changement de comportement, sans que soient interrogés les mécanismes en jeu. » L’affichage renforcerait l’impact du signal prix. Or, des économistes ont démontré la faible élasticité prix de l’énergie dans le bâtiment, car la consommation y est assez contrainte.

Gaëtan Brisepierre donne les résultats d’une enquête conduite à la fois auprès de ménages et de professionnels (Greenlys, Coach énergie, familles à énergie positive..).

« On dit souvent que c’est génial pour les ménages car ils vont faire 20 ou 30% d’économies d’énergie. En fait, ce sont surtout les professionnels qui vont en tirer profit. » Ainsi, les familles ignorent en général qu’elles ont accès à des informations (interface télévision par exemple) et l’accès est trop contraignant (les données sont diffusées 2 jours après, « qui regarde la météo deux jours après? »), ce qui finit par les lasser. Ils n’y recourent plus au bout de quelque temps. Des approches ludiques peuvent les motiver mais il faut les relancer systématiquement.

S’y ajoute la difficulté à interpréter les informations délivrées. La question de la correction climatique (DGU) est particulièrement obscure par exemple. Ces informations ne «prennent sens que lors d’interactions sociales», avec un professionnel ou d’autres familles.

Du côté des bailleurs sociaux, l’accès aux données permet des « visites ciblées de ménages en situation de surconsommation. » Pour les décideurs territoriaux, cela peut alimenter des outils de gouvernance. Enfin les fournisseurs voient dans les données un élément attractif pour proposer des actions de MDE.

La fourniture d’informations ne suffit pas. Elle doit s’accompagner de l’apprentissage d’une culture technique de l’énergie « qui va bien au-delà de 10 éco-gestes ». Des outils spécifiques (wattmètre, thermomètres, sablier de douche) peuvent y aider. « Dans ce cadre, les individus acquièrent tout un savoir pratique. » La « routinisation des pratiques » passe par l’adaptation d’objets qui demandent de la participation (sablier douche) ou qu’il faut installer « une fois pour toutes » (prise de veille). Cependant, on attend assez vite un plafond d’économies, de l’ordre de 15%.

Les promesses des compteurs communicants ne seront tenues qu’à condition d’accompagner leur déploiement de campagnes d’information et de mobilisation. Or, à ce jour, le coût sociétal n’est pas pris en compte, qu’il s’agisse de Gazpar ou de Linky.