Aaaah… Wikipedia… L’encyclopédie en ligne est toujours très consultée et en tête des requêtes sur les moteurs de recherche. Et toujours aussi fantaisiste. Une visite des pages consacrées aux fournisseurs du monde de l’énergie s’impose.

Chez Gaz de France, on parle au passé. « Gaz de France est un ancien groupe énergétique français, spécialisé dans le transport et la distribution de gaz naturel, créé à l’origine par la loi de nationalisation de l’électricité et du gaz du 8 avril 1946 ; il a fusionné avec Suez en juillet 2008 pour donner naissance à GDF Suez ». Jusque là, rien que de très ordinaire. Il faut descendre en bas de page pour consulter la liste des représentants élus des salariés. Y figure Olivier Barrault, pour la Fédération nationale des syndicats du personnel des industries de l’énergie électrique, nucléaire et gazière CGT. D’un clic, on accède à la page consacrée à ce même Olivier Barrault pour y découvrir, magie des liens internes, qu’il « fut un riche financier angevin de la fin du XVe siècle et début du XVIe siècle (à la fois) trésorier du roi, maire d’Angers et trésorier en la chambre des comptes de Bretagne ». La CGT trésorière du Roi, fallait y penser.

Chez EDF, « Sinivassane » propose le « point de vue d’un ancien président d’EDF », en l’occurrence François Roussely, sur les avantages et inconvénients de la hausse des prix qui résulterait de l’ouverture à la concurrence. Son texte est bien vite révoqué par Diderot1 qui s’en explique en page de discussion. Péremptoire, il affirme que François « Roussely n’a pas d’expertise sur les questions de prix et de concurrence. C’est un haut fonctionnaire qui a dirigé EDF pour la privatiser ». Avant de porter l’estocade finale: « il n’a par ailleurs pas marqué l’entreprise par son aura, ou son projet industriel ».
Une mini-guerre d’édition oppose 192.54.193.26 et MicroCitron. Le premier fait d’EDF la « principale entreprise de production et de fourniture d’électricité en France », remplaçant justement distribution par fourniture. Ce n’est pas l’avis du second qui « reverte » le changement et se justifie: « (distribution me semble mieux adapté) ». Il a tort et la page actuelle se borne avec raison à la fourniture.
On observera aussi que la page comprend deux polémiques: l’un sur le comité d’entreprise, l’autre sur l’accusation d’espionnage (Greenpeace).

Du côté de Direct énergie, « on » a tenté longtemps d’écrire le nom en lettres capitales: DIRECT ENERGIE. En vain.
Réécrite sans doute par une plume interne (cf. une contribution de 83.202.224.65), l’article devient rapidement une sorte de copié-collé de brochures promotionnelles. Le 25 octobre 2008 à 11h11, le bandeau d’infamie {{Publicitaire}} est apposé par Vinz1789 qui s’en explique d’un expéditif: « le ton de cet article ou de cette section est trop promotionnel ou publicitaire. Modifiez l’article pour adopter un ton neutre ou discutez-en ». Les problèmes rencontrés par le fournisseur avec ses commerciaux conduisent alors certains à confondre un « article encyclopédique » (les wikipédiens y tiennent) avec un forum de discussion, à l’image de cet inconnu (IP 82.246.105.245) qui indique, le 5 juillet, à 01h29: « Quand on dit « arnaque », ce n’est pas DIRECT ENERGIE qui est visé, mais certains commerciaux. DIRECT ENERGIE propose bien -10% sur le KW de l’électricité et du gaz, sans rien changer, sauf votre facturation (au lieu d’être facturé par bleu ciel, vous serez facturé par DIRECT ENERGIE) ». Quatre minutes après (à 01h33 du matin!), ce texte est « révoqué » par Gz260 qui le qualifie de « non neutre ».

A Electricité de Strasbourg, la page est remarquablement tenue si l’on se place du point de vue de l’entreprise. Exemple avec cet internaute répondant au doux nom de 212.27.36.65. Le 21 août, il met à jour la page en donnant des informations factuelles (mise à jour des effectifs par exemple), mais aussi en lustrant (assez adroitement il faut bien le dire) son contenu pour le rendre, comment dire?, plus joli d’un point de vue de la communication institutionnelle. Ainsi, un paragraphe a priori neutre comme « Electricité de Strasbourg réseaux assure la construction, l’exploitation et l’entretien de plus de 13000 km de réseau électrique en Alsace » devient, modifié par ses soins: « Second distributeur d’électricité en France après ErDF, Électricité de Strasbourg Réseaux assure quotidiennement à ses clients la qulité (sic), la sécurité et l’efficacité du réseau dans le respect de l’environnement ».

La page de Poweo semble peu visitée. Les données chiffrées datent quelque peu: « Nombre de sites clients au 31/12/2008 : 272 189 (sites basculés électricité et gaz cumulés). Depuis le 1er juillet 2007 Poweo peut, conformément à la règlementation européenne, proposer des services de fourniture d’énergie aux particuliers. Au 1er Janvier 2008, 8000 clients particuliers auraient opté pour un contrat de fourniture avec Poweo, selon les déclarations de Charles Beigbeder ». Dans l’équipe dirigeante, figure encore « Luc Poyer: Directeur Général Délégué en charge du pôle amont » et les récents changements intervenus dans le capital sont ignorés. On notera aussi, c’est astucieux, un renvoi dans la rubrique liens externes vers… Planète UI.

Chez Altergaz, la page créée en décembre 2008 par Glloots a subi peu de modifications. Depuis le 8 mars dernier, elle vit également avec un bandeau déshonorant celui de {{Promotionnel}}, apposé par Pseudomoi. Sans que cela génère une véritable guerre d’édition.

Créée en 2006, la page d’Enercoop au départ très sommaire  s’enrichit brusquement sous l’impulsion de 193.251.56.57, le vendredi 6 juillet 2006 à 12:28, qui reprend les informations officielles du site de la coopérative. Mais on ne trompe pas la vigilance de Calmos qui, un quart d’heure après, « reverte » cette version d’un simple « (rv copié-collé, notamment de http://www.enercoop.fr/index.asp?ID=397)« . 193.251.56.57 s’obstine et remet en place sa version puis corrige quelques coquilles. Survient Mutatis mutandis (on est toujours le 6 juillet, il est 13h25) qui « neutralise » ces propos – en fait les supprime. Calmos s’empare alors de l’affaire et enrichit la page de manière plus neutre.