Energie2007 est présent aux  journées internationales de sociologie de l’énergie (JISE) qui se tiennent à l’université François-Rabelais de Tours.

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Chaleur fatale : exemples de Dunkerque et Val d’Europe
La récupération et distribution de chaleur fatale dépend d’une « contrainte réglementaire minime « (décret de 2014), explique Zélia Hampikian, chercheuse au LATTS. La chaleur des UIOM est une problématique connue des collectivités. Pour les entreprises industrielles et tertiaires, la récupération est encore peu développée. Il n’y a pas de réflexion sur les flux.
A dunkerque, la chaleur de la ville est alimentée par la récupération de chaleur des usines d’Arcelor Mittal. La démarche a été initiée dans les années 1980, dans une logique d’indépendance énergétique. Le réseau a commencé à fonctionné en 1986. En 2008, une deuxième captation est envisagée, pour augmenter le taux d’EnR (et bénéficier d’une TVA à taux réduit), mais aussi récupérer de la poussière.
En raison de la variation de la production (et de la demande d’acier), des variations de récupération de chaleur surviennent, qui n’ont pas été anticipées par Energie grand littoral.

A Val d’Europe, la chaleur est issue d’un data center et alimente un parc d’entreprises, à travers un réseau exploité par Dalkia. Le SAN Val d’Europe envisageait une DSP. L’aménageur s’oppose d’abord à un réseau privé. Néanmoins celui-ci est créé, mais sans contraintes de raccordement, ce qui se traduit par des difficultés de commercialisation.
« Ce n’est pas parce qu’il y a convergence d’intérêts au départ » que la solution finalement mise en œuvre est la meilleure.

Zélia Hampikian, chercheuse au LATTS, s’intéresse à l’analyse des transitions énergétiques urbaines en tant que processus sociotechnique.

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ELD et gouvernance énergétique urbaine
Les ELD sont des structures « très anciennes », qui ont été ‘conservées au moment de la nationalisation » mais ont souvent été « considérées comme obsolètes. » Elles suscitent pourtant aujourd’hui « un regain d’intérêt ». Pauline Gabillet s’est intéressée à l’UEM de Metz et à GEG (Grenoble).
« Ce sont des acteurs qui ont redécouvert récemment leur territoire », dans le cadre de « stratégies urbaines. » Il en est ainsi de la logique « smart grids » initiée à Grenoble. La libéralisation a aussi permis aux ELD de « sortir de leur territoire. » Néanmoins UEM et GEG privilégient leur territoire historique. L’urbanisation des questions énergétiques est désormais patente. C’est un enjeu de gestion urbaine ; plans climat énergie territoriaux, éco-quartiers…. Or, les ELD sont d’abord considérées comme des « structures qui rapportent de l’argent », plus que des acteurs de l’énergie. Les porteurs de la politique énergétique locale vont cependant tenter d’insuffler aux ELD de nouveaux objectifs : EnR, MDE, efficacité énergétique. Dans une logique de « juxtaposition » des projets. Ainsi, des projets opérationnels communs pourront être développés (AO nationaux et européens). Les exemples sont nombreux : CRE3, centrale biomasse à Metz, Greenlys, démarches Ecocité…
« Les ELD ne répondent pas spécifiquement aux demandes des collectivités car celles-ci ne formulent pas de demande adaptée. »
« Il y a au conseil municipal les personnes qui ont re-municipalisé l’eau. » Pour l’énergie au sens large, « Ils souhaitent passer en régie, sans percevoir qu’ils sont déjà actionnaires majoritaires de GEG et qu’ils n’ont pas intérêt à fragiliser cet outil. »

Pauline Gabillet, doctorante en urbanisme au LATTS, soutiendra sa thèse le 21 septembre.

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Les « smart communities » japonaises
Elève à l’ENS, Nicolas Le Prêtre termine sa thèse sur les expérimentation dee réseaux électriques intelligents, notamment les « smart communities » japonaises (Kyoto, Yokohama…). Le MITI les subventionne depuis 2010. Plusieurs objectifs peuvent être relevés : soutenir les entreprises dans un marché porteur. « Ce sont des grands groupes avec un ancrage historique dans les villes » concernées. Fukushima a également changé le regard porté par les acteurs locaux sur l’énergie.
On observe une « forte implication des acteurs nationaux » (Etat développementaliste, Johnson, 1982), avec « imprégnation des intérêts corporatistes. » De nouveaux entrants (immobilier, industrie lourde, informatique, transport) sont sollicités. 26 technologies clefs ont été identifiées, mises en œuvre dans 4 projets. Objectif : imposer des normes internationales. Des technologies japonaises sont testées en dehors du Japon : Manchester, Lyon, Java, Malaga, Los Alamos…

La smart city de Yokohama (CEMS, Toyota, Toshiba, Mitsubishi, Fuji electric) dispose d’un budget de300 Me, financé à 50% par le MITI. Les pics sont « prévus » et chaque bâtiment est sollicité pour les lisser. Ainsi 50 millions d’euros ont été investi à Lyon Confluence. Toshiba implique aussi des acteurs locaux.

A Kyoto Keihanna, le projet a été développé à l’université puis repris par les acteurs historiques de l’énergie (Kepco, Mitsubishi). Il y a 700 boîtiers communicants, dont le rôle est de stabiliser le réseau pour éviter l’achat d’électricité en période de pic. Mais aussi de fidéliser les clients avant la libéralisation prévue en 2016. La collectivité est peu présente même s’il perçoit l’intérêt pour son image de marque.

Après une période de très forte pollution dans les années 90, la municipalité de Kitakyushu veut devenir « capitale de l’environnement » et aider les pays en développement à réduire leurs émissions de CO2. Elle implique fortement le tissu associatif.