Sur 450.000 sites concernés par la fin des TRV, environ 50.000 ont basculé dans le marché et 30.000 autres le feront début novembre. 
Pour les retardataires du 30 juin 2016, un appel d’offres national avec prix plafond est envisagé.

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La bascule
Les membres du CLEEE ont » presque tous » choisi des offres à prix de marché, explique Franck Roubanovitch. « La plupart basculeront le 1er novembre. Très peu seront en offre transitoire. » Il s’interroge sur la capacité d’ERDF à gérer la bascule.
> « ERDF s’est mis en situation » pour cela, explique Philippe Morin (ERDF). « Nous pourrions avoir des difficultés si tout le monde voulait faire son optimisation tarifaire en même temps. »
> Nathalie Verrièle : « On regrette de ne pas pouvoir faire les optimisations tarifaires au moment de la bascule… »
> Philippe Morin : « Si un client à 260 KVA veut passer à 254, ça engorge le système… Mais on n’interdit rien! »

Les appels d’offres
Stéphane Oulié (SDEEG 33, coordonnateur d’un groupement de commandes en Aquitaine) : la « contrainte des marchés publics » s’est transformée en opportunité, car les collectivités bénéficient de prix intéressants, dans un contexte budgétaire tendu. 

Marie-Josée Makareinis : dans le cadre de son groupement de commandes (mis en place il y a 11 ans), le SIEL 42 a signé avec Gaz de Bordeaux pour le gaz et Gaz électricité de Grenoble pour l’électricité. « ERDF a tout anticipé pour gérer la bascule des 7.000 sites. » Elle confirme l’existence de clients « mal turpés », comme l’indiquent E.ON et Engie (cf. infra).
> Marc Benayoun : « je pense qu’il n’y a pas de clients vraiment « mal turpés »… En fait, ce sont des contrats anciens, qui ont évolué sans changement tarifaire… »
> Marc Benayoun : « il y a de très gros groupements d’achats. Ce n’est peut-être pas une stratégie appelée à durer », car il faut pouvoir « prendre en compte les intérêts des clients » au plus près.

Les retardataires
Julien Tognola (DGEC) : « A ce jour, environ 50.000 clients ont basculé dans les offres à prix de marché. C’est un bon signal, mais le plus dur reste à faire. »
> Philippe Morin (ERDF) : 30.000 demandes sont faites pour une bascule le 1er novembre et environ 6.000 pour le 1er janvier.
> Christophe Leininger (CRE) observe « des flux pas très élevés de changement de fournisseur » et craint qu’il y ait « des milliers de sites à gérer » le 30 juin 2016, après la fin de l’offre transitoire.
> Franck Roubanovitch n’a « pas envie d’entendre parler du grand méchant consommateur qui n’aurait rien fait, alors que dans la plupart des appels d’offres, il n’y a qu’une seule réponse! »

L’after offre transitoire, donc.
Julien Tognola (DGEC) : « Il ne faut pas attendre une solution dernier recours. Faut-il faire des appels d’offres ou des appels à candidature ? Nous sommes en train d’y travailler… » Il ne s’agit pas de « prolonger le monopole de l’opérateur historique. »

Christophe Leininger (CRE) : « La prestation de GrDF a été mise en place par la CRE, en indiquant qu’on ne pourrait pas la reproduire et que le client paierait 20% plus cher. » Il a fallu faire quelque chose de « très acrobatique, très créatif », et ça ne « se reproduira pas. »

Et les fournisseurs?
Mareva Edel : « ça fait 15 ans qu’on attend. On était même un peu sceptiques sur cette ouverture… »
Marc Benayoun (EDF) : « on signe avec un nombre de clients qui augmente très significativement, d’une semaine sur l’autre » (depuis l’envoi de la troisième lettre EDF, accompagnée de l’offre transitoire).

Efficacité énergétique
Pauline Mispoulet (GESEC) plaide pour le recours à des experts en efficacité énergétique « indépendants des fournisseurs », arguant : « Est-ce crédible de demander à Marlboro de nous aider à arrêter de fumer ? Pour les économies d’énergie, c’est pareil. Les fournisseurs n’ont aucun intérêt à voir la consommation de leurs clients baisser »
> Mareva Edel : « l’analogie avec Marlboro s’arrête vite car le but est de mieux consommer. L’électron consommé la nuit est différent de celui consommé le jour. On ne peut pas s’intéresser qu’au volume. Il faut avoir une analyse du marché pour arriver à des modes de consommation vertueux. Nous sommes satisfaits lorsque nos clients ont consommé ce qu’ils avaient prévu de consommer, car nous sommes aussi responsable d’équilibre. »
> Marie-Josée Makareinis : « Il ne suffit pas de commander des travaux et d’obtenir des certificats d’économie d’énergie. Nous vérifions les résultats de ces travaux. »
> Pauline Mispoulet : « Ne nous retrouvons pas demain avec un oligopole autour de Cofely et Dalkia. Cela se retournera contre eux car les petits artisans ne seront plus en mesure de répondre. »
> Marc Benayoun : « Il n’y a pas de risques de disparition des petits acteurs aujourd’hui… »
> Pauline Mispoulet : « Le mouvement de massification des marchés publics pose question. Il y a des appels d’offre en efficacité énergétique, couplés à des réseaux de chaleur. Si on allie fourniture d’énergie et services, on réduit la concurrence sur une échelle de un à trois. On ne fait jamais d’économies d’échelle dans les services. Plus il y a d’heures de travail, plus il y a des besoins de coordination. J’aimerais bien que la Cour des comptes regarde de près ces marchés de performance énergétique (MDPE). »
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