Pendant que s’élabore la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), plusieurs filières proposent leurs propres scénarios. Celui de GRTgaz, GRDF et de l’ADEME, « un mix de gaz 100% renouvelable en 2050 ? », se distingue à la fois par son ambition, se passer entièrement d’une énergie fossile pour la remplacer par un gaz identique mais écologique, et sa modestie, l’étude prévoyant en effet une réduction de la consommation. Ainsi, selon l’ADEME (scénario énergie climat 2035-2050) le niveau de demande finale de gaz de réseau en 2050 serait de l’ordre de 300 TWh contre 460 TWh aujourd’hui. L’étude définit quatre scénarios : 100% EnR (293 TWh), 100% EnR avec pyrogazéification haute (361 TWh), 100% EnR avec biomasse limitée pour usage gaz (279 TWh), 75% EnR (317 TWh). Elle tient compte d’un potentiel de production de 460 TWh renouvelables.

Pour parvenir à une production 100% gaz vert, qui a aussi l’avantage économique d’être entièrement issue des territoires, réduisant ainsi significativement la dépendance énergétique, trois filières sont appelées à se développer. La méthanisation pourrait répondre à 30% des besoins, avec les intrants d’origine agricole, les bio-déchets, les résidus d’algue… Dans une proportion semblable, le Power to gas maximiserait le gaz de synthèse, contribuant à un mix électrique 100% renouvelable. Enfin, viendrait la pyrogazéification du bois et de ses dérivés, les combustibles solides de récupération (CSR), à hauteur de 40%.

Intégrant production, acheminement et stockage, le coût est estimé entre 116 et 153 €/MWh, ce qui est élevé mais compatible avec une hausse attendue de la fiscalité carbone, qui augmentera mécaniquement le prix des énergies fossiles. 63 millions de tonnes de CO2 seraient ainsi évitées chaque année, soit un « gain » de « 12,6 milliards d’euros pour une valeur tutélaire du carbone de 20 €/t. en 2050 ». Enfin, ces modes de production, comme pour l’électricité « verte », modifieront substantiellement la gestion des réseaux, bien plus décentralisée qu’aujourd’hui, sans toutefois imposer de lourds investissements. Le coût des réseaux de collecte à construire représente « 2 à 3% du coût global », et il existe déjà des solutions techniques pour rendre les réseaux de gaz bidirectionnels.