La FNCCR a organisé, ce mardi 12 décembre 2017 au Sénat, un colloque dédié à la place des LED dans l’éclairage public. 

Aymar de Germay, Président du syndicat départemental du Cher (SDE 18) et Philippe Mouiller, sénateur des Deux-Sèvres, ont introduit le colloque en rappelant quelques chiffres clés :

  • 10 millions de points lumineux en France ;
  • 10% du parc français est équipé de LED ;
  • 75% des luminaires ont plus de 25 ans ;
  • 3% du parc français renouvelé chaque année ;
  • Les dépenses en éclairage public des collectivités représentent 37% de leur facture.

  1. Fiabilité des LED

Alain Van der Ham (Architecture réseaux) a rappelé que l’arrivée des LED (3ème génération de source à éclairage électrique) a provoqué un profond bouleversement de la conception dans les bureaux d’études, confrontés notamment à des problèmes d’évacuation thermique. Les LED permettent désormais un éclairage « plus ciblé et segmenté ». Selon lui, « cet aspect complexifie la restructuration du réseau pour ne pas avoir des cassures d’éclairement ». Il souligne également la baisse des coûts d’entretien, affirmant que « l’économie de maintenance est significative quand on passe aux LED ».

En matière d’électricité des LED, 2 points sont à retenir : la sensibilité aux surtensions (les LED étant particulièrement sensibles aux effets de la foudre) et l’effet de courant d’appel (très court et intensif). Il évoque également une « variation de vitesse dans l’évolution technique », le matériel des fabricants ayant évolué plus rapidement que les réseaux. La LED constitue donc une nouvelle technologie à laquelle il faut s’adapter.

 

Roger Couillet (Ville de Douai) a dressé un rapide bilan de l’éclairage public à Douai :

  • 9.531 points lumineux;
  • 174 armoires de commandes;
  • Ratio énergétique (€/kWh) = 0,13.

Selon lui, la technologie LED « permet d’éclairer avec la bonne qualité et quantité de lumière ». Elle répond à plusieurs besoins: meilleur éclairement, efficience énergétique et limitation des nuisances lumineuses. Mise en œuvre depuis 3 ans, elle permet à Douai d’être plus efficiente énergétiquement qu’avec des lampes à décharge.

Il souligne les avantages de la LED (mise en service instantané, éclairement maintenu et optimisé, durée de vie garantie, durée d’éclairement importante) et les points de vigilance: sensibilité aux perturbations de tension (un risque à considérer), étude d’éclairement à affiner, pas de standardisation entre le flux lumineux et la puissance active).

 

Jimmy Dubard (LNE) a évoqué les risques sanitaires liés à l’usage des LED, notamment photobiologiques, les LED émettant quatre fois plus de rayonnements dangereux à cause de la lumière bleue. Il a rappelé que les LED ne fonctionnaient pas nécessairement au maximum de leur puissance comme les halogènes. « Leur durée de vie est donc bien supérieure » (1.000 h pour les lampes à incandescence, 2.000 h pour les halogènes, 8.000 h pour les fluocompactes, 20.000 à 100.000 h pour les LED). Pour lui, « la maintenance de l’éclairage public des collectivités permet un gain énorme avec les LED ».

 

Anne Gizard (SYANE) est revenue sur le cas des LED en Haute-Savoie. Le SYANE gère 90.000 points lumineux sur 125.000 dans le département, réalise 100 opérations en éclairage public par an, avec une enveloppe de 8,5 millions d’euros d’investissements. Créé par le syndicat, le programme EPur « accompagne les communes dans une démarche responsable et performante en éclairage public, qui répond aux problématiques de transition énergétique : connaissance du patrimoine par le diagnostic, stratégie de lumière (les communes s’inscrivent dans une réflexion globale de leur éclairage public pour identifier les grandes orientations des futurs travaux)». L’appropriation des LED par le SYANE a démarré en 2009 de manière prudente, à cause du manque d’information et de formation lié à cette nouvelle technologie. Mais « une nouvelle phase d’évaluation est à venir l’année prochaine pour amorcer de nouveaux projets dans le département ».

 

  1. Le modèle économique

Gabriel Mertz (Vialis) a rappelé la longue durée de vie des LED,  soulignant qu’elles ne « devaient pas être confondues avec la durée de maintien de flux ». Même si les luminaires LED sont un peu plus onéreux que les lampes traditionnelles, au regard de l’entretien et de la maintenance, la LED reste moins chère (12€ TTC/ an contre 30€). Les subventions peuvent être déterminantes dans la procédure d’achat. Concernant la maintenabilité du luminaire LED, il est dubitatif. Celui-ci est favorable à une standardisation des éléments LED pour éviter d’avoir à remplacer entièrement le luminaire.

 

Franck Bettcher (Direct ePI) remet en question les avantages économiques des LED. Selon lui, « les garanties proposées sont souvent très éloignées des durées de vie annoncées. » De plus, « la multiplication des références du matériel, la durée de remplacement, la durée de vie potentielle mais pas garantie, l’évolution des technologies » ne jouent pas en leur faveur. Il y a « davantage de coûts à prendre en compte ». Il conclut son intervention en affirmant qu’avec les LED, on « subventionne des factures », il faut « anticiper davantage la maintenance et la garantie ».

 

A l’inverse, André Merlin (SDE 15) constate que la technologie LED permet de « diviser par 4 ou 5 les factures d’électricité ». Pour lui, « les économies réalisées justifient largement le passage des lampes traditionnelles aux LED ». Dans le Cantal, le SDE 15 gère 55.000 points lumineux (dont 30% de lampes à vapeur de mercure) pour une puissance installée de 7MW et une facture annuelle de 4,7M€. André Merlin observe le vif intérêt des élus du département pour la technologie LED. Il est prévu d’ici 2020 le remplacement de 26.000 points lumineux, ce qui permettra des économies non négligeables :

  • 700.000 €/an pour les lampes à vapeur mercure ;
  • 400.000 €/an pour les autres types de lampes.

Soit une économie de 1,1 million d’euros pour un investissement global de l’ordre de 12 millions d’euros. Il estime qu’« aujourd’hui, on peut dire que l’opération est rentable uniquement sur la base des économies sur la facture d’électricité ».

 

Claude Boisson (Seolis) présente la situation de l’éclairage public à Louin (79). La commune a remplacé 152 points lumineux par des LED (137 supports bétons, 15 mâts), à la fois pour des raisons économiques (factures en baisse) et écologiques (préservation de l’environnement), engageant une dépense d’environ 15.000€ (soit 624€ par point lumineux). Avec l’usage des LED, le coût de fonctionnement est réduit de 70%. Selon lui, il était important que « l’installation soit remise à neuf pour garantir une vraie fiabilité de l’équipement ». Il constate un surcoût pour la LED de 220€ par point lumineux, ce qui amène à un amortissement de l’ordre de 20 ans. Claude Boisson insiste sur les programmes d’aide qu’il qualifie de « déterminants pour les collectivités » qui ont « peu de moyens ». Sans ces aides, les projets n’émergeraient pas.

 

  1. Bilan environnemental

Marc Gendron (ATEE) est notamment revenu sur le mécanisme des CEE, insistant sur le fait que les travaux de rénovation de l’éclairage public y sont éligibles. Les CEE permettent notamment le financement des travaux et la diminution du temps de retour sur investissement. Leur prix est redevenu attractif: il s’établit désormais « à 4,5/5€ le MWh cumac avec une forte convergence entre les CEE classiques et les CEE précarité ».

 

Natacha Lecerf (SIECF) a présenté la gestion de l’éclairage public (exercée depuis 2016), par le SIECF-territoire d’énergie Flandre, en introduisant quelques chiffres clés :

  • 12.000 points lumineux gérés en Flandre ;
  • 10 ans : durée estimée pour remplacer tout le parc ;
  • 2 millions d’euros : montant des travaux annuels.

 

Le Syndicat valorise les CEE depuis 2014 et est labellisé TEPCV depuis mars 2017. Il est donc entré dans nouveau dispositif de valorisation des CEE dont les montants financiers sont plus élevés que pour les CEE classiques. Les CEE TEPCV constituent donc un « levier de financement important ».

 

David Martin (Recylum) a présenté les actions de l’entreprise, à savoir la collecte et le recyclage des équipements électriques d’éclairage public. Il est revenu sur les bienfaits du recyclage : préserver les ressources naturelles, limiter les risques de pollution. « Aujourd’hui, 80% des luminaires ne sont pas recyclés correctement » a-t-il constaté. « Les gens ont tendance à confondre le recyclage avec le ferraillage ». A cela, il ajoute « l’enjeu principal est de recycler les anciens luminaires qui sont amenés à être remplacés ».

 

  1. Choix techniques pour les collectivités

Pour Gabriel Mertz (Vialis), trois choix sont possibles :

  • Ajustement à la performance : économiser en remplaçant une lampe 150W par une lampe 100W ;
  • Gestion de la temporalité : quand a-t-on besoin de la lumière (tout le temps, toute l’année, à tout moment) ? L’objectif est de mettre en place l’éclairage le plus juste, en modulant le niveau d’éclairement (abaissement, allumage-extinction, télégestion et système de supervision pour adapter les lumières au besoin).
  • Respect de l’environnement : par l’orientation de la lumière.

« Les choix de solutions sont multiples mais dépendent de la priorité politique fixée pour atteindre la bonne cible » conclut-il.

 

Philippe Icke (SymielecVar) évoque le programme de remplacement des 16.000 luminaires suite à la réalisation de diagnostics dans le Var. « Nous avons choisi d’utiliser des lampes à décharge car elles sont toujours efficientes, ce qui nous a permis de réaliser un gain de 40% en puissance installée » a-t-il affirmé. Pour Philippe ICKE, « la LED est un moyen de communiquer sur la transition énergétique et sur l’effort des communes dans ce cadre-là ». Il revient sur la garantie des produits qu’il juge « primordiale ». « Aujourd’hui, le SymielecVar a retenu un fournisseur qui a apporté des garanties de 7 ans, dont 90% du flux à 100.000 h ». Le Symielec a donc fait le choix de remplacer 1.000 lampes par des LED en 2018.

 

Pour Antoine Corolleur (SDEF Territoire d’énergie Finistère) « avant de faire la promotion des LED, il était indispensable de s’assurer de leur fiabilité ». Il revient sur les avantages qu’elles présentent : diminution de la pollution lumineuse, avantages liés à la gradation avec plus de flexibilité, gain sur la facture d’électricité, durée de vie plus longue, gains en termes de maintenance. Il observe un « gain sur la facture de l’ordre de 10€ TTC/an par point lumineux. Le temps de retour sur investissement est évalué à 5-6 années ». Il évoque enfin un « projet de mise en place d’une télégestion départementale » dans le Finistère.

 

Bruno Kablitz (SICECO) revient sur le partage des coûts : « avant, en éclairage public, le coût était à diviser en deux entre les investissements et l’entretien. Aujourd’hui, avec la technologie LED, les coûts de construction sont prépondérants ». Il estime le coût de l’entretien d’un luminaire en 2017 entre 10 et 50€ (contre 0 à 20€ pour une LED). En 2017, le SICECO a lancé ses marchés et a gagné 13%. Selon lui, les communes ont besoin de « basculer en tout LED et d’avoir une gestion différenciée de l’éclairage public ».

 

Joëlle Guinot (SDEA) évoque le cas de l’Aube. Les LED en éclairage architectural ont été posées depuis 2008. « En éclairage public, le déploiement des LED a commencé en 2015 quand la technologie a semblé mature. Les maîtres d’œuvre du SDEA ont d’abord répondu à un ensemble de questions précises avant de conseiller les communes par rapport à la mise en place des LED » explique-t-elle.