Nous publions ci-après une tribune libre des représentants de la filière électrique (UFE, GIMELEC, FIEEC, SERCE, FFIE, Electriciens Sans Frontières).

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Climat : la France aurait-elle peur de ses atouts ?

Après des siècles de croissance nourrie par la consommation de quantités toujours plus importantes  d’énergie, notamment fossile, c’est l’intelligence énergétique, fruit de la convergence de l’électricité et du numérique, qui émerge comme le moteur d’une nouvelle croissance.

Chocs pétroliers, enjeux environnementaux, concurrence globalisée : depuis les années 1970, des  efforts considérables ont été entrepris pour réduire les consommations, et la croissance des pays développés est devenue moins intensive en énergie. Notre pays dispose désormais de tous les atouts  pour être exemplaire sur le plan climatique : une électricité parmi les plus décarbonées au monde, mais aussi des champions des réseaux intelligents et de la gestion de l’énergie.

A la veille de la COP21, qui en parle ? Qui porte avec fierté cette excellence nationale ?

L’électricité décarbonée est l’énergie du monde de demain. Elle est le vecteur de la pénétration croissante du numérique dans notre société et notre économie. Elle ouvre la porte à une nouvelle  ère : celle de l’intelligence énergétique.

L’intelligence énergétique est au cœur de la production de l’électricité, de son acheminement et de l’ensemble de ses usages finaux, de l’usine automobile au siège d’une grande banque, en passant par nos écoles et nos maisons.

L’intelligence énergétique, c’est une industrie modernisée et compétitive grâce aux technologies de l’industrie du futur : des procédés industriels numérisés permettant de mettre rapidement sur le marché des biens complexes, hautement personnalisés et dont la production requiert moins d’énergie et de matières.

L’intelligence énergétique, ce sont des bâtiments énergétiquement performants et connectés, dont tous les usages sont optimisés, l’éclairage, le chauffage et la climatisation sont modulés en fonction des besoins réels des occupants et des apports naturels pour éviter tout gaspillage d’énergie et consommer au plus juste. Des bâtiments producteurs d’énergie renouvelable, stockée ou mutualisée à l’échelle d’un quartier lorsque la production excède leurs besoins.

L’intelligence énergétique, ce sont des data centers – véritables épines dorsales de l’économie et de la souveraineté numériques – fiables, énergétiquement optimisés et dont la quasi-totalité de
l’énergie consommée provient d’énergies renouvelables. Ce sont des véhicules électriques qui tirent parti de notre électricité faiblement carbonée, et fournissent à nos maisons autant de capacité de stockage.

L’intelligence énergétique, ce sont enfin des réseaux flexibles et optimisés qui font correspondre pics de demande et périodes de forte production d’énergies renouvelables intermittentes, abondantes et également réparties à la surface du globe, pour un mix énergétique faiblement émetteur de gaz à effet de serre.

L’électricité se met aussi au service des 1,2 milliard de personnes qui en sont privées dans le monde, majoritairement situées dans les zones rurales isolées d’Afrique subsaharienne. Grâce à des énergies renouvelables performantes et des services énergétiques efficaces le tout géré par des micro-réseaux intelligents, les écoles sont éclairées, les centres de santé alimentés, les activités économiques peuvent se développer. La transition énergétique des pays en développement devient alors vecteur d’une croissance plus durable et plus équitable.

Autant de briques qui dessinent une transformation énergétique vectrice d’une nouvelle croissance, alors que consommation et dépense publique ne parviennent plus à sortir notre économie de l’ornière. Dans ce nouveau modèle énergétique, l’électricité répondra à davantage d’usages, comme la mobilité, mais chaque usage consommera moins d’électricité. Dans ce système électrique plus décentralisé, la valeur ajoutée sera créée au plus près des consommateurs, en leur offrant des offres tarifaires, produits et services innovants leur permettant de prendre la main sur leurs choix énergétiques.

La filière électrique française, unique au monde, est mobilisée pour donner corps à ce nouveau modèle : l’ensemble de la chaîne de valeur y est représentée, avec de nombreux leaders mondiaux mais aussi un grand nombre de PME et ETI. Ensemble, nous innovons, concevons, développons, fabriquons, intégrons, opérons, maintenons, offrons des services nouveaux tout en nous inscrivant dans le cadre d’une économie circulaire par l’écoconception et le recyclage de nos produits.

Alors que la France peut compter sur l’excellence de sa filière électrique, aurait-elle peur de ses atouts ?

A l’heure où la France n’en finit pas de chercher des relais de croissance, nous avons l’opportunité d’allier développement économique et préservation du climat en misant sur les forces d’une filière innovante et exportatrice. Puisqu’elle irrigue l’ensemble de l’économie, il importe de placer la filière électrique au centre des politiques publiques : stratégie nationale bas carbone, programmation pluriannuelle de l’énergie mais aussi projet de loi numérique, fiscalité, exemplarité de l’Etat, réforme territoriale, simplification administrative et aide au développement…pour faire plus de PIB avec moins d’énergie, mais plus d’intelligence.

Signataires
Robert Durdilly : Président de l’UFE
Luc Remont, Président du GIMELEC
Gilles Schnepp, Président de la FIEEC
Guy Lacroix, Président du SERCE
Emmanuel Gravier, Président de la FFIE
Hervé Gouyet, Président d’Electriciens Sans Frontières »