Mise à jour à 12h25, avec communiqué de la Cour des comptes.

Selon Les Echos, la Cour des comptes s’apprête à publier un rapport cinglant sur Areva, critiquant notamment la gestion du groupe par Anne Lauvergeon.

Le quotidien économique cite des extraits du pré-rapport dénonçant le rachat d’Uramin, la rémunération des dirigeants, l’expansion mal maîtrisée.

Trop tôt
La Cour des comptes déplore la publication de cet article qui « se réfère à des observations provisoires et confidentielles effectuées à l’issue d’une enquête qui n’est pas encore achevée. » Et rappelle que sa procédure repose sur des « contrôles dont les conclusions font l’objet de délibérations collégiales préalables après contradiction avec l’organisme contrôlé. Tout commentaire présumant l’existence de constats définitifs de la Cour sur le sujet est prématuré tant que la juridiction n’a pas procédé à ces délibérations. »

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Les extraits des Echos

Rémunération
«La rémunération de l’ancienne présidente du directoire a connu une progression très rapide au cours de son second mandat. Une telle évolution se fondait sur une revendication affirmée de rattrapage par comparaison avec les chefs d’entreprise du CAC 40. La découverte tardive de dossiers dont la mauvaise gestion coûte aujourd’hui très cher au groupe amène à critiquer une telle progression, fondée pour une large part sur des taux de réussite faussement précis.»

Uramin
En 2007, Areva avait acquis « au prix fort (1,8 milliard d’euros) » trois gisements du groupe canadien Uramin, gisements « aujourd’hui inexploités (et qui) ont fait l’objet d’une dépréciation massive dans les comptes du groupe. »  L’AFP avait évoqué début avril « l’ouverture d’une enquête préliminaire sur les conditions de ce rachat, suite à un signalement auprès du parquet national financier par la Cour des comptes. »

EPR
Le texte critique également la stratégie d’Areva, qu’il s’agisse de son modèle intégré (c’depuis l’extraction d’uranium aux centrales) ou des grands projets, notamment le réacteur EPR d’Olkiluoto, en Finlande.
« L’occasion de remonter à la genèse de ce projet, qui affiche désormais sept ans de retard et représente une perte à terminaison de 3,5 milliards d’euros pour le groupe français. Se référant aux témoignages du client finlandais, TVO, la Cour évoque « un fournisseur prêt à tout pour vendre son premier EPR, dont le design n’était pas encore assez avancé ». Dans le cadre de la procédure d’arbitrage international engagée entre les deux parties à propos de ce chantier, le même TVO «pourrait tenter de montrer qu’Areva l’a délibérément trompé (sur son état de préparation et sa capacité à construire l’EPR dans les délais) et a manqué de compétence», poursuit le rapport. »

Ce qui conduit la rue Cambon à déplorer que « la politique de provisionnement d’Areva se caractérise par une faible anticipation du risque », constat d’autant plus regrettable qu’il y a d’autres chantiers où « Areva rencontre des difficultés. En Suède, le contrat portant sur la prolongation de la durée de vie et l’augmentation de puissance d’un vieux réacteur a lui aussi subi des retards et engendré des provisions. Et en Finlande à nouveau, le contrat remporté pour la rénovation de deux réacteurs de la centrale de Loviisa ne s’est pas passé comme prévu : les difficultés rencontrées sur place ont conduit là encore à des contentieux et au blocage du projet. Le groupe avait « signé le contrat sans relever qu’il incluait un descriptif technique ne correspondant pas à sa technologie », glissent les rédacteurs du rapport… »