En 2018, la précarité énergétique concerne près de 12 millions de personnes selon l’Office national de la précarité énergétique (ONPE, piloté par l’Ademe). En lien direct avec les communes et départements, chaque « territoire d’énergie » s’est emparé de cette préoccupation. C’est notamment le cas dans les zones rurales, qui concentrent un tiers de la précarité énergétique. Mais les zones urbaines ne font pas exception.

Souvent, il s’agit de parer au plus pressé, face aux situations rencontrées, en mettant en place des aides d’urgence destinées au paiement des factures d’énergie via les fonds de solidarité logement (FSL) gérés par les départements et les aides des centres communaux d’action sociale. Quoique nécessaire, ce seul volet curatif des aides au paiement ne suffit pas. Il convient d’aider les ménages de façon préventive en leur permettant de réduire leurs consommations d’énergie.

Soutenir les petits travaux comme la rénovation lourde
Ainsi, « territoire d’énergie Nièvre » (Syndicat intercommunal d’énergies, d’équipement et d’environnement de la Nièvre, SIEEEN) a mis en place un fonds d’aides (le FNAME) pour assurer le financement de travaux de rénovation énergétique de logements de particuliers en précarité énergétique, en complément des aides de l’Anah ou intégralement s’agissant de petits travaux. Ce dispositif est géré conjointement avec l’Agence locale de l’énergie et du climat de la Nièvre : détection des ménages ; réalisation d’un diagnostic énergétique et social auprès de ces ménages repérés ; élaboration d’une liste hiérarchisée de propositions de travaux ; accompagnement pour le montage du dossier et recherche/attribution d’aides financières.

Nécessaire présence au plus près des foyers
En 2017, une centaine d’opérations ont ainsi été conduites dans ce cadre. Les visites chez les particuliers, qui font intervenir des conseillers info-énergie, ainsi qu’un travailleur social et parfois un élu, permettent également à « territoire d’énergie Nièvre » d’avoir une meilleure appréciation de la problématique de la précarité énergétique dans le territoire. De même, dans le Calvados, le SDEC Energie, membre du réseau « territoire d’énergie Normandie », contribue au financement de travaux d’économies d’énergie chez des familles en situation de précarité énergétique et au programme « habiter mieux » de l’Anah.

Des aides sociales diversifiées
La précarité énergétique concernant aussi largement les zones urbaines, chaque « territoire d’énergie » urbain s’implique en termes tant préventifs que curatifs. Le Syndicat intercommunal de la périphérie de Paris pour les énergies et les réseaux de communication (SIPPEREC), qui dispose de la compétence électricité dans 83 communes de la région parisienne, a ainsi créé un fonds social précarité et efficacité énergétique (FSPEE), financé via le contrat de concession signé avec EDF.
Ce fonds permet d’aider les CCAS des communes membres du SIPPEREC à intervenir auprès des populations les plus fragilisées : aides au paiement des factures d’électricité ; financement de diagnostics thermiques ; remboursement des ampoules basse consommation et LED.

Il permet également d’assurer un accompagnement des structures bénéficiant de l’agrément « maîtrise d’ouvrage insertion » pour la réalisation de travaux de rénovation ou de réhabilitation énergétique qui bénéficient aux personnes en situation de précarité énergétique.

Chèque énergie – crédit : Ministère de la transition écologique et solidaire

 

Pascal Renard 1er adjoint au maire de Fourchambault (Nièvre), élu référent du SIEEEN (réseau « territoire d’énergie Bourgogne-Franche-Comté ») en charge de la précarité énergétique

Pourquoi traiter le sujet de la précarité énergétique ? Quelle est l’ampleur du phénomène dans le département ?
La population est relativement âgée et dans ce département rural, nombre d’habitants sont chauffés au fioul, ou à l’électricité, et occupent des logements souvent anciens et mal isolés. Le taux de précarité énergétique dépasse la moyenne nationale, avec quelques 25% des foyers concernés. Et cela ne va pas en s’améliorant avec la montée des prix de l’énergie

Comment le SIEEEN, « territoire d’énergie Nièvre », peut-il aider les collectivités locales ?
Le SIEEEN a créé un fonds nivernais d’aide à la maîtrise de l’énergie (FNAME) en 2013, afin de garantir un complément aux aides à la rénovation de l’habitat accordées par l’Anah, ou publi-communiqué pour assurer le financement intégral de travaux d’ampleur plus modeste. Depuis sa mise en place, des agglomérations ont rejoint ce fonds auquel elles contribuent, comme c’est le cas de Nevers par exemple. Il a aussi décidé d’inciter les collectivités locales à s’engager dans la réalisation de travaux de rénovation énergétique afin que ces opérations aient valeur d’exemples pour les citoyens. Par ailleurs, à Fourchambault par exemple, nous avons mis en place un réseau de chaleur, qui permet de faire baisser la facture de chauffage des ménages concernés.

Lutter contre la précarité énergétique
– FNAME : financement à 50% du SIEEEN et 50% du Conseil départemental (60.000 € au total), 124 fiches de détection réalisées, 107 visites et plus de 40 ménages aidés par ce fonds ;
– Contribution du SIEEEN au fonds de solidarité logement (FSL) du département : 30.000 € (avec contribution du Conseil départementa, de la caisse d’allocation familiale, des communes, d’EDF et des bailleurs sociaux).