Dans son édition du lundi 23 mars, la Gazette des communes revient sur les récents incidents climatiques et leurs conséquences sur le réseau de distribution électrique. Avec un tollé général des collectivités locales: « des Landes à la Haute-Savoie, en passant par le Calvados, l’Hérault, le Haut-Rhin, la Dordogne, le Pas-de-Calais ou encore la Nièvre, la colère gronde contre le gestionnaire du réseau de distribution d’électricité ERDF », indique l’hebdomadaire. La fragilité du réseau, la baisse des investissements et l’augmentation du temps de coupure sont pointés du doigt. « Alors que la moyenne nationale, hors événements exceptionnels, est remontée à 78 minutes en 2008, la Nièvre, la Dordogne ou les Landes, que ne citer que quelques exemples, affichent des temps supérieurs de 60 à 160%. Voire près de 400% dans la Creuse! Et lorsque ERDF exhibe, presque tel un trophée, le cas de l’Aube, département rural, et ses 30 minutes de coupures, l’autorité concédante locale nuance: «Si nous sommes classés parmi les dix meilleurs départements, c’est parce que nous investissons chaque année 10 millions d’euros quand ERDF consacre seulement 1,8 million à notre réseau. Le syndicat s’est substitué aux carences du concessionnaire. Au fur et à mesure qu’on avance, lui recule», déplore Joëlle Guinot », directrice du Syndicat départemental d’énergie de l’Aube (SDEA).
En milieu rural, on pointe les fils nus, en milieu urbain, des « poteaux en béton complètement dégradés et des ouvrages de plus de 60 voire 70 ans », comme le déplore Richard Turquais, directeur des services concédés de la Ville de Rennes.

Pour remettre le réseau à niveau, il faut dégager des recettes supplémentaires, estime Michel Francony, président du directoire d’ERDF (notre photo): « les récentes tempêtes conduisent à accélérer la politique d’enfouissement, (…). La question est de savoir à quelle vitesse… et donc à quel prix, car pour cela, il faut des recettes. C’est la raison pour laquelle j’avais demandé une hausse du TURPE de 15% ». Il rejette en revanche la demande des collectivités concédantes et de la FNCCR d’utiliser les provisions pour renouvellement (11,4 milliards d’euros) dont Guy Hourcabie, président du Syndicat intercommunal d’énergies de la Nièvre (SIEEEN) et premier vice-président de la FNCCR, demande « qu’elles soient mises sur la table ». Pour ERDF, ces provisions ne sont pas mobilisables: « que les collectivités n’imaginent pas que nous sommes assis sur un trésor, un tas d’or dans lequel nous pourrions puiser pour investir, rétorque Michel Francony. Ces provisions sont là pour garantir qu’au terme des contrats de concession, nous soyons en situation de renouveler les ouvrages. Mais si les autorités concédantes pensent que les provisions sont une manne, on va devoir faire preuve de pédagogie… »
Des explications qui ne convainquent pas Pascal Sokoloff, directeur général de la FNCCR, qui rappelle que « la solution la plus normale pour des provisions, c’est un placement de bon père de famille » et que, si EDF « n’a pas eu cette sagesse », il faudra pousser très loin « l’analyse comptable et financière pour savoir ce qui s’est réellement passé. Et si cet argent a été investi dans des placements hasardeux, comme des acquisitions, alors, cela posera un vrai problème en termes de gouvernance ».

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Dans un encadré, consacré à la gestion de l’après-tempête, plusieurs témoignages de la désorganisation d’ERDF, notamment en raison de sa centralisation, avec des agents dépêchés sur un terrain qu’ils ne connaissaient pas. « Des agents ERDF étaient équipés de GPS qui marchent bien en ville mais moins dans des zones forestières, raconte Olivier Carbonnière, directeur général des services du Syndicat d’équipement des communes des Landes (SYDEC). Certains n’avaient même pas les clés d’accès aux transformateurs et aux disjoncteurs ». « Plus d’une porte a été forcée à la barre à mine, témoigne son homologue de la mairie de Rion-des-Landes, Didier Portelli. Et comme ils étaient perdus dans la nature, des retraités d’EDF les ont pris par la main ».