Satisfaction mesurée pour les opposants au terminal méthanier du Verdon, mais satisfaction tout de même: mis en ligne le 19 avril, le bilan définitif du débat public, rédigé par Philippe Deslandes, président de la commission nationale du débat public (CNDP) est d’une « tonalité générale tout à fait différente de celle du rapport Sourd* ». Pour « Une Pointe pour tous, le collectif des deux rives Médoc-Charentes », c’est une avancée notable: « le bilan porte cette fois clairement trace de la forte opposition des 2 rives, reprend la plupart des arguments défendus par notre collectif résumés dans son cahier d’acteur, problèmes liés à la dangerosité, aux impacts environnementaux et financiers (tourisme), etc. » Le collectif, qui avait adressé une lettre à Philippe Deslandes pour s’étonner des « graves altérations de la réalité » qui émaillaient le rapport Sourd, semble donc avoir été, au moins partiellement, entendu.
« Dire qu’on est satisfait serait excessif. C’est « moins pire » que le rapport de Sourd, estime Philippe Lucet, secrétaire général du collectif. Celui-ci ne prenait pas en compte nos observations, alors que notre collectif représente plus de 4.600 personnes. Le rapport national fait au part des dangers liés à l’implantation d’une telle installation à une proximité pour le moins inhabituelle d’un petit village. L’importance de l’économie du tourisme est soulignée. La difficulté de l’accès à l’estuaire pour les méthaniers, un des points essentiels apparu dans le débat, notamment en termes de danger (échouage…), figure dans le rapport final. Nos arguments ont été cités. Cependant, le rapport néglige d’indiquer les prises de position officielles de l’ensemble des élus (deux conseils régionaux, deux conseils généraux, ensemble des maires, deux communautés de communes…). Or, cela fait beaucoup d’oppositions locales ! »
De fait, les conclusions peuvent sembler modestes au regard d’une installation classée Seveso 2**: la CNDP propose « d’éloigner les installations » des habitations et équipements publics avoisinants. La « question centrale », est-il estimé, est celle de la « visibilité », la commune du Verdon-sur-Mer étant connue d’abord pour ses atraits touristiques. Le rapport final indique donc que « toute proposition d’enfouissement, partiel au minimum, des cuves et de réalisation d’une dune végétalisée, évoquée par le maître d’ouvrage, devrait être suivie d’effet ».
Le tourisme est également mis en avant pour la question de l’emploi: Philippe Deslandes mettant en regard « 38 à 52 emplois directs en phase d’exploitation » annoncés par 4Gas et « les retombées bien plus significatives du tourisme aussi bien pour la Charente-Maritime que pour la Gironde » dont font part les opposants au projet. Il conviendra aussi de s’assurer que « la présence de méthaniers ne perturbe(ra) pas la navigation des plaisanciers. »
Le rapport pointe aussi un (probable) futur débat public, autour du gazoduc et de ses « quatre hypothèses de tracé » (de 120 à 160 km seraient nécessaires), même si celles-ci « n’ont pas donné lieu à une extrême tension entre les acteurs, bien que le public se soit étonné à de nombreuses reprises du dimensionnement et des caractéristiques techniques de construction et d’exploitation de cet ouvrage. »
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* En charge de la commission particulière du débat public (CPDP).
** portée par 4Gas, société néerlandaise, le projet de terminal méthanier comprend deux cuves de 165.000 m3, une unité de regazéification, une usine de cogénération et une torche de 25 mètres de hauteur. Le rapport de la CNDP souligne néanmoins que « les études de dangers devront prouver que (4Gas) a pris toutes les mesures nécessaires pour réduire les risques » liés à son activité. De fait, « l’annonce par la DRIRE que le maître d’ouvrage n’obtiendrait pas de l’administration l’autorisation d’exploiter si le projet ne présentait pas toutes les garanties de sécurité n’a pas suffi à calmer les inquiétudes ».