S’agissant de l’électricité, la séparation patrimoniale (unbundling) reste de mise. Pour le gaz, c’est moins clair. La semaine passée, la Commission européenne a indiqué que la concurrence ne dépendait pas que de la seule séparation des activités de fourniture et d’acheminement. Ce commentaire, qui vise le marché du gaz, ne semble pas a priori concerner l’électricité, mais redonne de l’espoir aux tenants de la « troisième voie ».

D’autant plus que la commission de l’industrie, de la recherche et de l’énergie (ITRE) du Parlement européen a adopté, hier 19 mai, un amendement favorable à cette «troisième voie» pour le gaz. Il s’agit d’éviter une séparation patrimoniale pure et simple en renforçant l’indépendance des gestionnaires de réseaux, ce qui permettrait à ceux-ci de rester dans le giron de leurs maisons mères. Pourquoi cette différence entre les deux énergies? La menace (ou la peur) a un nom: Gazprom. Le saucissonnage des opérateurs historiques comporte un risque: celui de les « fragiliser face à des géants comme Gazprom ou la Sonatrach algérienne », indique les Echos. La CGT, la semaine dernière, ne disait pas autre chose, soulignant le risque d’une fusion de dupes entre Suez et Gaz de France, dans l’hypothèse où le groupe gazier se trouverait contraint à se séparer de GRTgaz.

Un accord doit être trouvé d’ici le 6 juin. D’ici là, les discussions continuent. D’autant plus que Bruxelles a fait un autre pas vers le compromis, acceptant, en accord avec la présidence slovène, d’intégrer « la proposition alternative faite par les adversaires de l’«unbundling», qui demandent le droit de mettre en place les conditions d’une «dissociation effective et efficace» sans pour autant aller jusqu’au démantèlement de leurs champions nationaux ».
En France, le gouvernement semble vouloir éviter de se retrouver avec ce dossier sur les bras durant sa présidence de l’Union (cf. notre actu du 30 avril). Dans ce contexte, la crainte des partisans de la « troisième voie » est simple: la séparation patrimoniale pour l’électricité serait acceptée en contrepartie d’une solution « alternative pour le gaz ». Dans un communiqué, la FCE-CFDT a appellé « à un compromis acceptable autour de la troisième voie », estimant que l’unbundling affaiblirait la « capacité d’investissement (des groupes démantelés) nécessaire pour le secteur énergétique », sans pouvoir répondre « efficacement à l’augmentation des prix subie par les consommateurs depuis la libéralisation du marché ».

Le bras de fer continue…

Compromis en vue: consulter le site Euractiv.
Consulter le blog de Patrick Larradet, administrateur salarié CFDT de RTE.
Lire l’article des Echos.