De la Caisse des dépôts à Greenpeace: le parcours de Robert Lion marque-t-il un déplacement du curseur contestataire de ce haut fonctionnaire ou bien un recentrage technocratique de la branche française de la célèbre ONG néerlandaise?
L’élection de Robert Lion comme président du conseil d’administration de Greenpeace France montre en tout cas combien la « connaissance des institutions et des entreprises » (Pascal Husting, directeur général de Greenpeace France) d’un ancien grand serviteur de l’Etat sont nécessaire pour faire « face à l’ampleur et à l’urgence des défis environnementaux » actuels.
Après une carrière de haut fonctionnaire, de dirigeant d’un syndicat professionnel, de politique, de banquier, Robert Lion a choisi, depuis 1992, la voie associative. Délégué général de l’Union des HLM de 1974 à 1981, figurant parmi les fondateurs de l’Agence pour les économies d’énergie (aujourd’hui l’Ademe), il dirige en 1981 le cabinet du premier ministre Pierre Mauroy puis la Caisse des dépôts de 1982 à 1992. Depuis 1992, il milite au sein de plusieurs associations (Earth Council, Energy 21, Médecins du Monde ou Coordination Sud). Président d’Agrisud depuis 2002, il participe activement, en tant que membre de l’Alliance pour la Planète, au Grenelle de l’environnement. C’est à cette occasion qu’il « fait cause commune avec Greenpeace et devient membre de son assemblée statutaire en juin 2008.
«Greenpeace me semble en France, en matière d’écologie, la plus efficace des ONG», déclare Robert Lion, dans le communiqué de l’ONG. «J’apprécie son expertise, le sérieux et la discipline avec lesquels elle conduit ses travaux, l’attention dont ses prises de position bénéficient – notamment depuis le Grenelle. L’indépendance financière de Greenpeace me semble essentielle. Le fait que l’organisation ne soit financée que par des donateurs particuliers et refuse depuis sa création tout soutien d’entreprises ou d’Etats est exceptionnel dans le monde des ONG. Cette indépendance financière et politique est vitale pour que Greenpeace ne soit arrêté par aucun tabou, par la crainte d’aucune réaction d’un bailleur de fonds ou d’un partenaire. Elle lui confère une capacité rare à dénoncer l’inacceptable et à proposer des solutions alternatives et réalistes.»
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Et autour de lui
Robert Lion a été élu président du conseil d’administration de Greenpeace France, lors de l’assemblée statutaire réunie le 22 novembre dernier à Paris. Il succède à Katia Kanas, en fonction depuis 2003. Sylvain Breuzard, chef d’entreprise, ancien président du Centre des Jeunes Dirigeants, François Veillerette, ancien président de Greenpeace France et Céline Rodriguez, géographe, ont été également élus au conseil d’administration.