Nous reproduisons, avec son aimable autorisation, l’éditorial du quotidien de l’énergie Enerpresse, en date du 30 juillet 2009. Editorial consacré au « vent d’émancipation » qui souffle dans les communes allemandes, qu’il s’agisse de production ou de renouvellement des contrats de concession.

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Les communes allemandes veulent reprendre la main
Le retour d’un vent d’émancipation s’ouvre dans les communes allemandes. C’est ce dont se fait écho la presse outre-Rhin, qui souligne qu’à la fois sur le plan de la production décentralisée communale, comme sur celui de la distribution, à l’occasion du renouvellement des concessions, les municipalités veulent reprendre la main sur leur énergie. Un secteur sur lequel elles ont largement cédé du terrain depuis l’ouverture du marché de l’énergie, intervenue, en Allemagne, en 1998. Côté production, des grandes villes, comme Hambourg (1,8million d’habitants), lancent leurs propres entreprises chargées de la production d’électricité et/ou de chaleur. La cité hanséatique entend également, dès l’automne vendre du courant produit à partir de sources renouvelables. Dans les deux cas, la municipalité affrontera le principal fournisseur local, Vattenfall Europe. A l’autre bout de l’échelle, la petite ville de Schmalkaden (21.000 hbts), en Thüringe, a décidé d’installer des turbines au gaz et/ou au biogaz pour livrer chauffage et électricité à ses concitoyens, tenant tête à la multinationale E.ON. Une alliance de Stadtwerke vient ainsi de lancer des négociations avec E.ON pour lui reprendre sa filiale Thüga.
Un mouvement qui pourrait bien aussi se traduire dans le renouvellement des concessions de distribution, redonnant aux Stadtwerke un peu de maîtrise sur les prix. Ainsi, selon Carsten Wagner, de la Fédération allemande des entreprises communales (VKU), cité par le
Handelsblatt, «de nombreuses concessions accordées aux entreprises privées arrivent à échéance». En 2009, quelque 700 concessions sont en jeu tant pour le gaz que pour l’électricité. Et pas moins de 2 000 municipalités devraient remettre en jeu leurs concessions dans les deux ans, notamment dans l’ex-Allemagne de l’est, où 50% des contrats vont être renégociés. Pour le responsable de VKU, les entreprises locales espère pouvoir offrir à leurs administrés des prix meilleurs que ceux des grands fournisseurs. En effet, elles peuvent «se contenter de rendements inférieurs à 10% que n’accepteraient pas des actionnaires privés.» Après un recul de 15% aux débuts de la libéralisation, les prix pour les foyers sont remontés de 25%, selon l’association des électriciens (BDEW). Mais le comparateur Verivox estime à 20% l’augmentation des prix moyens depuis 2005.