Main dans la main, la CRE et le Médiateur de l’énergie organisaient ce 22 mars un colloque consacré à la précarité énergétique, dans une salle en sous-sol de l’immeuble charmant-Delmas, pardon Chaban-Delmas où, rongtudjuû, il est impossible d’avoir une connexion wi-fi et où l’accès au réseau est intermittent (brouilleur?), ce qui contraint à twitter précipitamment toutes les 20 minutes, à part ça, c’était chouette.

Découverte
Après d’innombrables colloques consacrés à évoquer « la vérité des prix », Jean-Marie Chevalier (Université de Paris Dauphine), est formel: la précarité énergétique « est un sujet qui risque d’exploser dans les mois qui viennent ».

Euh… comment dire…
Pour Fabien Roques, Economiste, précarité énergétique et pauvreté ne sont pas forcément liées. Elle concerne « une grosse partie de la clase moyenne ». Plusieurs intervenants n’étaient pas exactement d’accord et l’ont dit. Il a été plus convaincant sur la CSPE qui consacre seulement 2% de ses ressources au social: « c’est un choix de société ».

Good idea
Il faut prendre à l’étranger les bonnes idées, indique Fabien Roques, citant celles du Royaume-Uni: création d’un registre national des performances énergétiques des bâtiments et d’une Green bank, dédiées aux investissements environnementaux et sociaux. Même son de cloche pour Philippe Pelletier, président du Comité stratégique du plan bâtiment Grenelle: « en Angleterre, pour lutter contre les incendies, on va chez les gens, parfois avec des pommpiers à la retraite, on explique. En partant, on installe parfois un détecteur de fumée. En France, on décide qu’il faut des détecteurs de fumée partout, la loi les rend obligatoires et, lorsqu’ils sont installés, les gens ne changeront pas les piles parce qu’ils ne sauront pas les utiliser. Il faut rendre visite aux personnes et en voir deux pour en convaincre un. »

Honnête
Créé il y a plus d’un an et présenté « comme un outil-clef au service d’une action efficace », l’Observatoire national de la précarité énergétique « ne fait plus beaucoup parler de lui », interroge aimablement Olivier Schneid, animateur des débats. Qu’en dites-vous Jérôme Vignon? »
– « Vous avez raison, répond celui-ci, qui en est le président, et je dois faire un aveu de modestie et d’humilité. Nous devons peut-être changer d’approche… Nous avons collecté beaucoup de données, de références… fait quelque chose de magnifique mais qui n’est pas opérationnel… » Il préconise une décentralisation des actions, pour cerner la précarité énergétique au plus près. Réponse de Daniel Zelinski, délégué général de l’UNCCASS: « il y a 36.700 communes en France! On ne pourra pas faire un observatoire partout, en plus de gérer les dossiers… »

Inefficace
TPN et TSS: « les tarifs sociaux n’ont quasiment sorti personne de la pauvreté!, constate Patrick Doutreligne, délégué général de la Fondation Abbé Pierre. C’est malheureusement inefficace. Le problème est celui du logement, que la Fondation évoque depuis des années. il manque 800 à 900.000 logements en France. »

Inefficace (bis)
« La capacité solvabilisatrice du tarif social n’est pas évidente, renchérit Thierry Saniez, délégué général de la CLCV. pour le gaz, il y a eu une augmentation du tarif de 4,5% et en parallèle, le TSS a été revalorisé de 10% Mais cela signifie que la facture augmente de 60 à 65 euros, tandis que la réduction progresse de 20 à 22 euros… » Thierry Saniez préconise l’interdiction des coupures pour impayés l’hiver (élargissement du dispositif actuel, qui impose un suivi par le FSL), la remise à plat du tarif réglementé de vente du gaz, une réflexion multi-énergies, incluant le fioul et le propane.

Les deux
Un chèque énergie ou des tarifs sociaux? « Les deux. Il faut les deux, indique Jean-François Raux, conseiller du Président de l’UFE. Mais l’UFE préconise un chèque chauffage plus qu’un chèque énergie, chèque chauffage qui reposerait sur une solidarité économique entre les différents consommateurs d’énergie. » Quant au TPN, il devrait être élargi aux différents fournisseurs: l’UFE y travaille.

Les chiffres
« Fin 2011, le FSL représentait 730 millions d’euros », indiqua Jean-Christophe Moraud, directeur général de l’Assemblée des départements de France. Il y a « une montée des impayées de l’ordre de 12 à 20% depuis 2009 ».
La précarité énergétique « concerne 3,8 millions de ménages. de ménages, pas de personnes », précise Philippe Pelletier.

Oh
«  »Une proportion non négligeable de personnes consacrent désormais plus de 3% de leur budget à l’eau, estime Martin Hirsch, président de l’Agence du service civique. Et ce n’est pas forcément sur des consommations maîtrisables, comme « couper l’eau lorsque je me lave les dents mais plutôt des fuites sur le réseau… »

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Et aussi
Interrogée sur l’agent ERDF menacé de licenciement pour avoir refusé de réduire la puissance chez une dizaine d’usagers en situation d’impayés à Arcueil (Val-de-Marne), Catherine Halbwachs, directrice des Affaires publiques d’ERDF, a démenti: « cet agent n’est pas menacé de licenciement » mais va passer « devant une commission de discipline ». Il n’aurait pas refusé de diminuer la puissance d’un abonnement à l’électricité mais n’aurait pas appliqué des « mesures de sécurité pour le gaz », ce qui aurait « mis en danger » des familles. « Il ne faut pas tout confondre! », a-t-elle souligné.