Intervenant lors d’un colloque organisé par l’Union française de l’électricité, Michèle Bellon, présidente du directoire d’ERDF, a mis en garde contre la prolifération des panneaux photovoltaïques, qui pourrait se traduire par des coupures de courant, résultant d’une surtension, lorsque la production excéderait localement la demande. Evoquant « un effet d’aubaine assez fabuleux » pour l’électricité solaire, en raison des tarifs de rachat, elle a confirmé, en les précisant, les chiffres rendus publics par Marc Boillot, lors d’un colloque la semaine dernière (« On va arriver à 100.000 demandes à la fin de l’année. La puissance de raccordement demandée a été multipliée par 10 en un an. C’est colossal. »). Michèle Bellon a dit s’attendre  » à plus de 75.000 raccordements nouveaux (en 2010), 120.000 l’année prochaine, 150.000 en 2012″. Avant de s’interroger sur les difficultés que pose au gestionnaire du réseau de distribution l’intégration de cette production diffuse,  » non prévisible et aléatoire ». Dans les Landes, il y aurait une production potentielle cinq fois supérieure aux besoins du département…
La possibilité d’un black-out ne serait donc plus à exclure : « Je suis assez inquiète car tout cela va très vite. D’ici deux ou trois ans, on sera confrontés à de vrais problèmes d’équilibre entre l’offre et la demande sur la boucle locale ».
La totalité de ces raccordements incombe à ERDF et cela a un coût, a-t-elle souligné, évoquant le chiffre de dix milliards d’euros pour un prévisionnel de raccordement de 37.000 MW (par rapport au 24.000 MW prévus par le Grenelle).

De son côté, François Brottes, député PS de l’Isère, s’est interrogé sur la situation des régions dont les habitants refusent à la fois des moyens de production et des réseaux de transport d’électricité (Provence-Alpes-Côte d’Azur, et Bretagne). Il a estimé que la péréquation tarifaire pourrait être modulée, par exemple en augmentant les tarifs d’acheminement pour ces régions, afin de traduire financièrement le coût de ce refus d’implantation d’ouvrages nécessaires à l’approvisionnement énergétique. « Il n’est pas normal que ces régions payent le même prix si elles ne veulent pas de production sur leur sol. Est-ce que c’est normal de concentrer toutes les centrales au même endroit? Celui qui assume d’avoir une centrale sur son territoire doit-il payer le même prix que les autres? »

Qualité de l’électricité
> Sur les temps de coupure, Michèle Bellon a reconnu une dégradation de la qualité mais évoqué une multiplication des aléas climatiques. Elle a admis qu’il y avait eu une diminution des investissements de moitié depuis 1995 mais que, depuis 2007, ceux-ci repartaient à la hausse avec 14% en plus pour 2008-2009 et 12% pour 2009-2010. Le volume d’investissement devrait atteindre 2,5 milliards d’euros cette année. Les investissements délibérés représentent environ 700 millions d’euros pour ERDF et plus d’un milliard d’euros pour les collectivités concédantes, dont la majorité proviennent d’ERDF (Capex et Opex). Un « travail a été engagé avec la FNCCR pour définir les meilleurs investissements possibles » et résorber les points noirs du réseau.
> François Brottes a souhaité que ces questions soient « rapidement encadrées, du point de vue législatif ».
Enfin, Michèle Bellon s’est interrogée sur la « pertinence de l’enfouissement esthétique » au regard des enjeuix de sécurisation.

Coordination FNCCR – ERDF
Intervenant lors du colloque du Sipperec, François Abkin, secrétaire
général d’ERDF, a indiqué qu’afin de pouvoir « travailler en véritable partenariat », la FNCCR et ERDF avaient « besoin d’une règle du jeu claire ». Il a annoncé la constitution d’un groupe de travail dédié pour déterminer « les domaines d’intervention des uns et des autres ». Il en résultera un document écrit le « plus détaillé possible ». Le premier rendez-vous est fixé au 8 juillet 2010.