C’est une mini bombe que vient de lâcher Henri Proglio, devant les sénateurs, ce mercredi 14 mars. Le PDG d’EDF s’est en effet dit favorable à une ouverture de l’obligation d’achat aux autres opérateurs. Il a estimé qu’elle devait aussi s’appliquer aux « autres énergies » (le biogaz?).
« Pas trop tôt », a tweeté un représentant d’un fournisseur alternatif, qui suivait la séance. Les concurrents d’EDF militent depuis plusieurs années en faveur d’une ouverture de ce mécanisme d’obligation d’achat de l’électricité d’origine renouvelable, réservé à EDF et qui ouvre droit à une compensation via la CSPE.
EDF, nous indique-t-on, avait déjà exprimé une position proche début 2011 (réponse au rapport de la Cour des Comptes de février 2011 – CSPE, cf. p. 24): « Il serait équitable, comme le recommande la Cour, que le financement du soutien au développement des énergies renouvelables, en sus de l’effort de maîtrise souhaité par la Cour, fasse l’objet d’un réexamen, pour que l’effort soit pas supporté comme jusqu’à présent uniquement par les seuls consommateurs d’électricité, mais partagé par l’ensemble des consommateurs d’énergie. »
Un amendement de Jean Dionis du Séjour avait pourtant été rejeté, lors des débats autour de la loi NOME…
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Par ailleurs, le PDG d’EDF a estimé que l’opérateur historique supportait à lui seul un déficit cumulé de 3,8 milliards d’euros à fin 2011. A horizon 2020, pour équilibrer ses charges, la CSPE « aurait besoin de dépasser 20 euros du MWh ». Le surcoût annuel serait de l’ordre de « 7 milliards d’euros par rapport aux prix de marché », avant de donner le détail par filière: « En tenant compte des objectifs que la France s’est fixés pour 2020, EDF estime que le surcoût de ce mécanisme s’élève à un milliard d’euros par an à cet horizon pour l’éolien terrestre, deux milliards pour l’éolien offshore, 2,5 milliards pour le photovoltaïque, un milliard pour la filière biomasse et 450 millions pour la cogénération. »
Le CLER avait souligné que la CSPE soutenait plus largement les énergies carbonées que les ENR: « la production d’électricité émettrice de gaz à effet de serre a donc absorbé entre 68 et 88 % de la CSPE entre 2007 et 2010 », estime l’association.