Dans un communiqué, l’association Négawatt a attribué un « zéro pointé » à la « pointe électrique en France ». Ce n’est pas RTE qui est visé pour sa gestion des consommations de pointe mais le chauffage électrique qui représente « l’essentiel de la variation de consommation et de puissance enregistrée dans le système électrique français, structurant et dimensionnant l’ensemble des infrastructures de réseau et de production ». L’association rappelle que « lors du record de consommation du 7 janvier 2009, plus d’un tiers de la puissance appelée était dû au seul chauffage électrique ». Elle dénonce « le développement continu de ce mode de chauffage », estimant que cela ne peut qu’amplifier le phénomène: « ainsi les besoins de puissance pour quelques jours ou quelques semaines augmentent en moyenne de l’équivalent d’un réacteur EPR par an! En période de froid, une baisse de température de 1°C engendre une consommation supplémentaire équivalente à celle de la ville de Paris »
Dressant la liste des perdants (sécurité énergétique, environnement, collectivité « qui finance le surdimensionnement des infrastructures », consommateurs, contribuables « qui couvrent le coût social de la précarité associée », producteurs, EDF compris) et des rares gagnants (traders d’électricité, fabricants de convecteurs électriques, promoteurs et constructeurs de logements, pays producteurs de gaz et de pétrole), l’association plaide en faveur de « l’application effective des principes de bon sens énoncés tout au long du Grenelle de l’environnement et inscrits en première ligne pour Copenhague, donnant la priorité à la réduction des consommations d’énergie
par des actions de sobriété et d’efficacité et au développement des énergies renouvelables. Fondée sur un objectif de réduction, voire d’élimination de la pointe, elle doit nous conduire à prendre des mesures réglementaires, fiscales, économiques et sociales cohérentes et efficaces ». A commencer par des incitations financières, y compris dans les tarifs: « les solutions tarifaires, réglementaires et fiscales existent pour peu qu’on veuille s’attaquer au problème ».

Les propositions de Negawatt
Nous reproduisons in extenson les propositions de l’association.

« Revoir la politique tarifaire de l’électricité pour favoriser les économies d’énergie dans la future loi sur la Nouvelle organisation du marché de l’électricité (loi NOME) :
• développer une structure tarifaire qui au lieu d’inciter à la consommation, fasse payer plus suivant la puissance souscrite et la consommation annuelle, afin de protéger les ménages les plus modestes tout en favorisant les économies d’énergie,
• introduire une structure tarifaire tenant compte des coûts de production et des coûts de transport et de distribution supérieurs pour les consommations saisonnières d’hiver et pénalisant les appels de puissance en pointe, notamment en prévision du déploiement par ErDF massif des compteurs «communicants» (et non, comme on l’aurait espéré, «intelligents» compte tenu du choix critiquable d’une technologie «bas de gamme».qui a été fait pour le «Linky» dont l’expérimentation va bientôt démarrer à Lyon et Tours. )

Imposer des réglementations énergétiques contraignantes
quelques soient les énergies utilisés. En particulier :
• pour les bâtiments neufs, dans le cadre de la mise en place de la nouvelle Réglementation Thermique 2012, imposer un seuil unique de 50 kWh(primaire) parm² et par an quelles que soient les énergies utilisées, modulé seulement en fonction de l’usage et du climat des constructions, conformément aux orientations édictées par le comité opérationnel n°1 du Grenelle de l’environnement,
• pour les bâtiments existants, dans le cadre de la Réglementation Thermique sur l’existant, imposer des exigences au moins aussi strictes pour l’électricité que pour les autres énergies,
• renforcer les exigences de la Réglementation Thermique éléments par éléments afin d’évincer du marché les équipements de chauffage électrique les moins performants.

Revoir les incitations et la fiscalité
Il est indispensable de rediriger les incitations nationales et locales en faveur de la maîtrise de la pointe d’électricité :
• arrêter les subventions pour les solutions de pompes à chaleur les moins performantes et contribuant à la pointe, réserver les subventions pour les pompes à chaleur géothermiques les
plus performantes (COP moyen annuel supérieur à 4),
• inciter en priorité à l’isolation poussée des logements et bâtiments tertiaires chauffés à l’électricité, en dirigeant les crédits d’impôt, les certificats d’économie d’énergie et la TVA réduite vers ce type de bâtiment,
• développer des incitations à la conversion des bâtiments chauffés à l’électricité vers les énergies renouvelables autant que faire ce peut et en cas d’impossibilité technique vers les énergies fossiles les moins polluantes à condition d’utiliser les meilleurs technologies disponibles ; développer fortement les aides régionales dans les zones de tension électrique que sont la région PACA et la Bretagne.

Mettre en place une véritable Contribution Climat-Energie
Cette contribution doit porter, au contraire des choix avancés jusqu’ici pour la «taxe carbone», à la fois sur la consommation d’énergie primaire, sur les émissions de gaz à effet de serre des énergies consommées et sur les impacts environnementaux (particules, déchets toxiques).
Elle doit comprendre toutes les énergies dans son assiette, en particulier l’électricité avec une pénalisation particulière pour l’électricité consommée en pointe.
« 

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En savoir plus
> Consulter le site de l’association Négawatt.
> Une interview de Marc Jedliczka, porte-parole de l’association Négawatt, sur le site du Journal de l’environnement.