« La libéralisation a raté car les prix n’ont pas baissé ». Gérard Mestrallet, président du groupe Suez, n’a pas mâché ses mots devant un parterre de journalistes financiers, selon des propos rapportés par l’AFP. Dans la foulée, il a demandé l’instauration d’une véritable politique européenne en matière d’énergie.
Après avoir fait le constat que la concurrence contribue généralement à faire baisser les prix, il a estimé que l’échec de la politique énergétique en Europe était lié à un manque de capacités de production et d’interconnexions électriques. « L’Europe a joué le jeu du pur marché sans se poser des questions très simples: est-ce qu’il y a assez d’électricité pour l’Europe? La réponse est non. Est-ce que l’électricité circule d’un pays à l’autre? Non. »
En effet, selon le PDG de Suez, l’Europe, bien qu’elle constitue « la plus grosse zone de consommation d’énergie au monde » est néanmoins « la seule à ne pas avoir de politique géostratégique énergétique ». Il a aussi plaidé en faveur du nucléaire, déplorant la distinction faire entre cette filière et les énergies renouvelables, estimant que l’Europe a en l’espèce fait une « distinction, dangereuse et inutile ». pour Gérard Mestrallet, l’Union européenne aurait dû se fixer un objectif plus large: « Nous voulons 40% d’énergie en Europe qui n’émet pas de CO2 ».
La création d’un véritable marché de l’énergie passe aussi par une instance régulation unique: « d’abord un régulateur commun et ensuite unique ».
Enfin, il s’est dit opposé une séparation entre les activités de production et les réseaux, proposition de la Commission qui suscite actuellement de vifs débats.
Gageons que les sénateurs membres des commissions des finances et des affaires économiques, qui auditionneront Andris Piebalgs, le commissaire européen, chargé de l’Energie, jeudi 17 avril prochain, ne manqueront pas de l’interroger sur ces propositions.