Ca n’a rien à voir avec la publication de nouvelles demandes d’autorisation au Journal officiel: samedi 4 octobre, à l’appel du collectif du même nom, environ un millier (700 selon la police) d’opposants à « l’éolien industriel » défilaient à Paris. Un demi échec puisque, fort de 1.500 participants l’an passé, le « collectif du 4 octobre » entendait doubler le nombre de manifestants cette année. Cette « petite foule (selon l’AFP) hérissée de pancartes dénonçant le « lobby éolien assassin » a réclamé samedi à Paris la suspension immédiate du programme de développement des mâts prévu par le Grenelle de l’environnement ». C’est cette semaine que débute le débat parlementaire sur la première loi Grenelle, laquelle prévoit de porter à 10% la production d’électricité par les éoliennes en 2020.

Guerilla juridique
La veille, l’assocation Vent de colère avait fait savoir qu’elle avait demandé l’annulation par le Conseil d’Etat (photo) des contrats signés entre EDF et les producteurs d’électricité éolienne depuis le 10 juillet 2006. Motif: le 6 août 2008, le Conseil d’Etat a annulé l’arrêté du 10 juillet 2006 fixant les tarifs de rachat de l’électricité éolienne par EDF. Vent de colère a donc engagé une procédure visant à annuler rétroactivement les contrats signés entre EDF et les producteurs d’électricité éolienne depuis le 10 juillet 2006 ainsi qu’une procédure parallèle visant à faire rembourser les sommes prélevées au titre de la contribution au service public de l’électricité (CSPE).

Débat pales atome

L’opposition aux éoliennes nourrit un vaste débat. De plus en plus, des voix s’élèvent pour dénoncer le « lobby nucléaire » qui se cacherait dans les rangs de la Fédération environnement durable, présidée par Jean-Louis Butré, lequel a su rallier à sa cause Valéry Giscard d’Estaing et Marcel Boiteux, deux grands promoteurs de l’énergie nucléaire dans les années 1970. Ainsi de Sortir du nucléaire qui a vilipendé une « initiative pronucléaire et rétrograde », soulignant que « les éoliennes ne produisent pas de déchets radioactifs et se substituent aux énergies polluantes ». Dans son communiqué, Sortir du nucléaire estime aussi que les éoliennes « défigurent » moins la France que les 200.000 pylônes très haute tension.
Mais, si l’on en croit Gilles Bridier, pour Rue 89, c’est peut-être moins 1970 que 1870 qu’il faudrait invoquer. L’atome ou les pales? Cette opposition énergétique franco-allemande remonterait à des choix industriels datant des années 50.

Querelle de chiffres
De son côté, le Syndicat des énergies renouvelables (SER) a répondu à l’étude de l’Institut Montaigne publiée le 21 juillet dernier, très critique sur l’énergie éolienne et en particulier son coût. Le SER, indique Betapolitique, « souligne notamment les biais des méthodes de calcul de l’Institut Montaigne qui gonflent le coût de l’éolien et minimisent les quantités de CO2 économisées. Parmi les techniques dénoncées, l’utilisation de l’éolien offshore pour alourdir la facture de l’éolien terrestre et la non prise en compte de la dégressivité du tarif d’achat. Autre critique, l’étude n’intègre pas l’économie réalisée en évitant la construction de nouvelles centrales thermiques et nucléaires ».

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