Dans son édito du 2 avril 2013, l’UFE montre sa connaissance aiguë des internets. Dans ce position paper qui tient presque du situation paper, il ne manque rien:

– un poisson d’avril tardif (avec le « réseau ERDF » – déclenchant une immédiate crise de tachycardie du CM de la FNCCR);
– un WTF universitaire (avec une note de bas de page renvoyant… à l’espace privé du Medef électrique, comme cela nous a été signalé sur Twitter);
– un appel aux trolls: l’UFE s’attaque en effet à Montdidier, paisible commune du département de la Somme, qui compte 6.500 habitants, tous alimentés en électricité par la Régie communale. Laquelle dispose également d’une chaufferie bois, de panneaux solaires et d’un parc éolien* qui a été financé par des fonds publics (Europe, Région, Département, ville de Montdidier, Ademe) et dont les retombées financières seront affectées au développement de nouvelles prestations liées aux énergies renouvelables et aux économies d’énergie.

> Mais des trolls frustrés puisque la page de l’UFE n’est pas ouverte aux commentaires. Qu’ils se répandent, heureux, ici.

Cette logique d’autosuffisance est battue en brèche par l’UFE qui rappelle qu’il n’est possible à « Petitbonum » (sic, Petibonum s’écrit sans « t » chez Astérix) de « résister à l’emprise de l’empire romain de l’électricité nationale » (discrète allusion aux aventures edisoniennes d’EDF) qu’en vertu de la solidarité financière et technique du système. Solidarité financière avec la CSPE qui subventionne l’électricité produite par les énergies renouvelables, dont l’éolienne de Montdidier, solidarité technique avec un réseau maillé, qui pallie les intermittences des différentes sources de production.

L’UFE souligne enfin que le syndrome du village gaulois « ouvre la porte à une grave déviance, celle de l’idée du «chacun pour soi», de l’abandon de ce qui fait l’une des forces de la France: la solidarité entre les territoires. L’électricité n’est pas simplement une énergie, c’est un facteur d’intégration. Le nier conduira, au-delà d’une profonde déception au sujet des «avantages financiers» que serait susceptible de procurer l’autonomie, à une dégradation profonde du tissu économique et social de notre pays. »

Que le ministère se réjouisse: le débat national sur la transition énergétique (DNTE) est ouvert.

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* L’ambition d’être autonome en 2015, voire excédentaire en 2020 se double d’un coup de griffe anti-éolien qui fera grimacer dans les moulins du SER: « des habitants de Montdidier sont-ils conscients que cette vision d’autonomie passe par la mise en œuvre d’une nouvelle méga-éolienne, dont la hauteur de plus de 200 m à la pointe de l’hélice défigurera de façon significative leur environnement ? » Un vent de colère soufflerait-il sur l’UFE?

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