Deux concurrents d’EDF ont fait part de leurs difficultés à l’occasion du colloque Energie et développement*, ce mardi 13 janvier, à Paris. D’abord par la voix de Michel Crémieux, président d’Enel France, qui a indiqué vendre l’électricité à ses clients avec une « marge nulle et parfois négative », après l’avoir achetée à EDF. Michel Crémieux a cité en exemple le marché italien où la concurrence est effective pour la production et la commercialisation, la coexistence de prix de marché et de tarifs régulés étant « facilitée » par le haut niveau de ces derniers. Alors qu’en France, la concurrence est inexistante, explique-t-il: « aux industriels, EDF vend du Tartam, Enel vend du Tartam… au même prix. Quelle différence? Le déjeuner qu’on lui offre? pas très intéressant… » Il plaide pour la mise à disposition de capacités nucléaires significatives, une progression du tartam de 5 à 6% par an en termes réels et, « accessoirement de consacrer les ressources financières levées par l’Etat actionnaire à ses projets prioritaires ».
Du côté de Poweo, Charles Beigbeder a également mis en doute l’impact des enchères de capacité nucléaire d’EDF. Poweo revend l’électricité avec une « marge faible », voire « à perte ». Estimant que « le temps des rustines est terminé », il s’en est également pris au niveau de compensation du Tartam: « nous n’avons été compensés qu’à hauteur de 40% au troisième trimestre. On verra ce qu’il en sera pour le quatrième d’ici quelques jours… mais l’Etat nous doit quelques millions d’euros. C’est une anomalie mais il y en a d’autres! » s’est-il exclamé.
Et les enchères, décidément, font l’unanimité contre elle: « les enchères d’EDF n’ont pas permis d’apporter une réponse valable au problème posé… », a souligné Jean-Baptiste Séjourné, directeur délégué de la branche énergie de GDF Suez. A savoir une concurrence faible, contrainte par les tarifs et, crise économique aidant, sans doute fragilisée.
Dans ce contexte morose, l’intervention de Laurent Chabannes, président de l’Uniden, restera comme un grand moment. Certes l’Union des industries utilisatrices d’énergie a réclamé l’ouverture des marchés à la concurrence mais « c’était complètement naïf, il faut bien le reconnaître aujourd’hui. S’appuyant sur des exemples internationaux (Etats-Unis, Canada…) qui ont fait « marche arrière » après avoir libéralisé leurs marchés énergétiques, Laurent Chabannes s’est interrogé, pensif: « Est-ce qu’on peut faire prendre ce tournant à l’Europe? »
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* Le club Energie et développement est présidé par François-Michel Gonnot, député de l’Oise.