Le Sénat a adopté hier, 12 mars, un amendement présenté le 4 mars dernier par le sénateur UMP de La Réunion, Jean-Paul Virapoullé. Ce texte, voté à l’unanimité avec le soutien affiché du Gouvernement*, valorise le prix du kilowattheure (kWh) produit dans les DOM à partir de la bagasse de canne à sucre**, dans le cadre du projet de loi de développement de l’outre-mer. Il est indiqué qu’il doit favoriser le « développement de cette source d’énergie renouvelable au détriment des ressources fossiles. Ce prix tient compte des coûts évités par rapport à l’utilisation d’énergies fossiles ».
Outre La Réunion, où elle représente 12% de la consommation de l’île, la bagasse est utilisée à la centrale du Moule, en Guadeloupe, pour produitre de l’électricité. Dans l’exposé des motifs, Jean-Paul Virapoullé souligne que, « sur les quelque 1.800.000 tonnes de cannes récoltées par les 4.000 planteurs et réparties sur plus de 26.000 hectares, plus de 500.000 tonnes de bagasse sont consacrées à la production de 275 gigawattheures (GWh) d’électricité ».
Le sénateur a constaté que « le prix du Kwh produit à partir de la bagasse est 2 fois moins valorisé que le charbon, plus de 6 fois moins que le Kwh produit à partir d’autre biomasse et de 13 fois moins que celui produit à partir de l’énergie photovoltaïque. Cette situation est paradoxale puisque la production d’électricité à partir de la bagasse contribue à la réduction des gaz à effet de serre (GES), les quelques 500.000 tonnes de bagasse brûlées chaque année permettant l’économie de plus de 300 000 tonnes de CO2 d’origine fossile ».
Cet amendement, devenu article additionnel après son adfoption, ouvre la voie à un décret qui devra fixer « un prix incitant à la valorisation et au développement de cette source d’énergie ».

Consulter le compte-rendu des débats sur le site du Sénat (à partir de l’amendement n° 257).

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* Lors du débat, le secrétaire d’Etat à l’outre-mer, Yves Jégo, a soutenu cet amendement dans les termes suivants: « Avis très, très favorable. C’est là l’aboutissement d’un long travail mené par M. Borloo et moi-même. Je suis allé dix fois en dix mois à la Réunion et j’ai constaté que cette île était une vitrine nationale, sinon mondiale, pour la production d’énergie renouvelable: déjà 36 % de l’énergie consommée est renouvelable, issue du solaire et de la biomasse, alors que l’objectif national n’est que de 13%. Deux centrales utilisant la canne à sucre fournissent déjà 40% de l’électricité consommée dans l’île. C’est exemplaire!
La difficulté vient de ce que le prix du KWh produit à partir de la bagasse est deux fois moins valorisé que le charbon et plus de six fois moins que le KWh produit à partir d’autre biomasse. C’est injuste.
A la Réunion, la filière de la canne à sucre occupe 4 000 personnes et investit dans la recherche de nouvelles fibres. Elle donne l’exemple de ce qu’on peut faire à partir des ressources naturelles et même traditionnelles de l’outre-mer. Il n’y a pas que le tourisme! Elle montre qu’il est possible de ne plus dépendre du pétrole et de mieux rémunérer les producteurs locaux. J’aimerais que la publicité médiatique actuellement accordée à l’outre-mer fasse également une part à cet outre-mer exemplaire dans son effort de recherche et de prévention des aléas climatiques, et montre à mesdames et messieurs de la commission des finances que l’outre-mer peut parfois coûter un peu cher mais que ces dépenses sont impératives au regard de la protection de la planète. Il faut adopter cet amendement! »

** La bagasse? Il s’agit du nom donné aux résidus de l’industrie de la canne à sucre, après broyage. La bagasse peut être utiliisée comme combustible.

Photo: Centrale du Moule (Guadeloupe).