EDF poursuit son exceptionnel parcours boursier dans un contexte, il est vrai, favorable aux producteurs d’énergie, sur fond de pénurie et de cherté des ressources. Le groupe français dépasse désormais largement les 150 milliards d’euros de capitalisation, ayant touché en début d’après-midi le cours record de 84 euros. L’occasion de rappeler avec quel scepticisme la communauté financière avait accueilli l’introduction de l’électricien en bourse, à 32 euros, il y a presque deux ans. Ainsi s’exprimait alors Gérard Augustin-Normand, président de Richelieu Finance: « Ce n’est pas une bonne introduction car le prix est trop élevé. Nous avons été très surpris de voir que le marché est allé chercher le haut de la fourchette. Au prix de 28 euros, nous aurions souscrit. A 32 euros, il s’agit d’un péché d’orgueil. Est-ce que le gouvernement craignait d’être taxé de brader le capital d’EDF, après l’introduction en bourse de GDF ? Quoiqu’il en soit, entre Bercy et EDF, il y a coupable. Cette introduction est très dommageable pour les futures opérations. Tous les analystes ont souligné que la valeur souffrait d’une prime par rapport à ses concurrents. Il aurait été plus judicieux de l’introduire avec une décote. De plus, il s’agit d’une ouverture de capital très partielle. L’entreprise reste publique, les contraintes d’investissement sont lourdes et il y a encore trop d’incertitudes sur EDF. Il y a beaucoup d’autres valeurs dans le secteur qui offrent une meilleure visibilité. Les hedge funds ont bon dos dans la baisse du titre. Cette opération est le signe d’une méconnaissance des moteurs du marché. Au final, tout le monde est perdant, l’entreprise, le gouvernement et les actionnaires ».