Le 8ème rapport annuel (2010) de situation comparée entre les hommes et les femmes au sein de la branche des Industries électrique et gazière témoigne des inégalités persistantes entre hommes et femmes dans ce secteur d’activité*. L’Union française de l’électricité tempère un jugement hâtif, soulignant que, « année après année, la part des femmes y augmente sensiblement et leur rémunération est la même que celle des hommes ».
On veut bien mais…
Si l’on part du haut (les chefs), le constat est affligeant. En 2010, les femmes sont majoritairement représentées dans des postes de « maîtrise »: 54,4% contre 56% en 2009. Un peu plus d’une femme sur quatre est cadre (28,6% contre 27% en 2009) et… seules 1% d’entre elles atteignent le sésame de « cadres supérieurs »** (on se demande pourquoi on met un s, tiens). 16% travaillent dans des postes « exécution ».
Des chiffres à nuancer, donc, en tenant compte du fait que la filière est aux trois-quarts masculine. Mais, observe l’UFE, « le fameux «plafond de verre» est donc encore présent ».
Si l’on se penche sur la répartition par collèges, le décalage est aussi criant. L’accès aux postes de direction marque une sur-représentation des mâles (83,6% contre 16,4%) alors que dans les trois autres collèges, la proportion un quart/trois quarts est plutôt respectée.
L’UFE note cependant que « côté rémunération, les IEG peuvent s’enorgueillir d’une réelle égalité salariale entre hommes et femmes, que ce soit pour le salaire de base ou pour la part variable où parfois même, on constate un ratio légèrement plus élevé chez les femmes sauf lorsqu’elles sont cadres supérieurs. »
Du côté des postes occupés, le secteur traduit une répartition des tâches plutôt classique, l’UFE observant « qu’un gros effort est fait au sein des entreprises dans la recherche d’un équilibre »: prédominance des hommes dans les métiers techniques (89,1%), les femmes obtenant la quasi-parité (soit une sur-représentation) dans le secteur tertiaire (47,2%). « En ce sens, la branche des IEG est encore impactée par la division traditionnelle du travail, fondée sur le sexe et les stéréotypes, qui conduisent les jeunes-filles ou les garçons à se diriger massivement vers des filières très ciblées, contribuant à donner l’image d’une féminisation, ou d’une masculinisation, de certaines professions ».
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* Ce rapport concerne les entreprises de 50 salariés et plus. 30 entreprises y ont contribué. La FNCCR n’y a pas participé mais, en ce domaine, elle se gardera bien de donner des leçons.
** Classifications dans lesquelles la proportion des femmes est la moins importante : cadres sup (16,4%), GF 19 (17,8%), GF 6 (18.2%). Classifications dans lesquelles la proportion des femmes est la plus importante : GF9 (29,8%), GF10 (28,6%), GF16 (27,2%) et GF15 (27,0%)
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Dans Forty guns (western de Samuel Fuller, 1957), Barbara Stanwyck dirige, avec son fouet (et un avocat), une bande de quarante hors-la-loi. Tel n’est pas l’objectif assigné à une féminisation croissante des postes à responsabilité dans les IEG.