La grogne des usagers monte à Bordeaux où l’arrivée des factures, en janvier, a provoqué la stupeur. Pour les 220.000 abonnés, l’abonnement est en effet passé de 16, 63 euros à 27, 89 euros. Soit une augmentation de 50 % d’un coup, environ 135 euros de plus par an. Gaz de Bordeaux a eu beau expliquer que cette augmentation correspondait à un rattrapage, assorti d’un effort de 0,0045 euros par kW/h, soit un manque à gagner de 8 millions d’euros, la colère n’a pas cessé. Sur le web, une association d’usagers mécontents (« Usagers Gaz de Bordeaux – Halte aux abus! ») a été créée, qui allie vif mécontentement et jeux de mots: « les Bordelais sont malheureux, ils habitent la région où le gaz cogne! » ou encore : « à fournisseur unique, facture inique?… » et, billet après billet, tente de faire baisser la facture. Depuis le 1er octobre 2008, les tarifs des différents abonnements au gaz ont explosé, allant de 80% à + de 260 % d’augmentation, assure l’association. Quant aux commentaires des internautes, ils sont pour le moins exaspérés. Et l’annonce d’une baisse des tarifs de vente de GDF Suez de plus de 11% au 1er avril n’a rien arrangé…
Gaz de Bordeaux a décidé de réagir à ce mouvement de protestation de trois manières.
– D’abord, en s’engageant à baisser ses tarifs en avril, souhaitant « tout simplement revenir aux anciens tarifs ». Ensuite en communiquant sur les raisons de cette hausse tarifaire. Dans un entretien à Sud-Ouest, Jean-Charles Palau, président de Gaz de Bordeaux, a rappelé que « les pouvoirs publics imposent à l’ensemble des distributeurs de gaz de déclarer leurs coûts fixes et de les répercuter sur le prix de l’abonnement. Ce que nous avons fait. L’ennui, c’est que nous sommes les seuls à avoir suivi ces obligations réglementaires alors que tout le monde, GDF Suez compris, aurait dû le faire. L’incompréhension part de là. Les abonnés pensent que nous sommes à l’origine de l’augmentation et nous prenons tous les coups ».
– Puis en mobilisant Alain Juppé, maire de Bordeaux, pour qu’il intervienne auprès de Jean-Louis Borloo et de Christine Lagarde afin que les obligations réglementaires soient revues ou respectées partout. Alain Juppé a écrit aux ministres pour demander l’organisation rapide d’une table ronde afin « d’engager les évolutions nécessaires pour garantir un traitement cohérent des clients sur l’ensemble du territoire national, dans une démarche de cohésion sociale ».
– Réponse aussi sur le web, par l’ouverture d’un blog spécifique, Relations web Gaz de Bordeaux, pour répondre aux questions posées par les usagers: « Pourquoi y a-t-il une différence de tarifs entre Gaz de France et Gaz de Bordeaux? Pourquoi Gaz de Bordeaux a modifié ses tarifs et pas les autres fournisseurs? Pourquoi Gaz de France ne délivre pas de gaz à Bordeaux? », etc. Un site web 2.0 où les commentaires sont publiés, à l’exception de ceux « qui contiendraient des attaques personnelles ou des propos injurieux ».
On y fait aussi de la pédagogie. Question:
« par JP, le 28 mars 2009
Bonjour,
Si vous avez fait un nouveau tarif le 17, presque 15 jours sont passés, il faut attendre la réponse combien de temps ?
Où pourra-t’on la trouver ?
Merci pour votre réponse «
Réponse: « @ JP: nous espérons la réponse des ministres au plus tard le 10 avril ; nous vous tiendrons informés sur ce blog et sur le site officiel de Gaz de Bordeaux. Nous ne maîtrisons pas l’agenda des ministres ni celui de la CRE. Si vous souhaitez connaître la procédure exacte d’un dépôt de tarif réglementé, je vous invite à cliquer sur le lien suivant. Cordialement » (31 mars).
Enfin, dans un communiqué en date du 16 mars, le fournisseur a indiqué préparer « un guide clair et accessible à tous pour expliquer la manière dont sont fabriqués et évoluent les tarifs du gaz ». Un guide qui sera « mis à disposition des clients sous quelques jours sur le site www.gazdebordeaux.fr et dans ses deux agences (place Ravezies
et Quai de la Douane) ».
Lundi 30 mars, les usagers ont bénéficié du « soutien » de la CGT. « Pour être plus efficace en Gironde, rapporte le quotidien Sud-Ouest, les salariés CGT proposent aux usagers de mener des actions communes. «Loin de nous l’idée de récupérer le mouvement, précise Guy Rollin. Chaque association doit garder son indépendance et militer de son côté, mais si nous voulons convaincre et gagner, il nous faut absolument avancer groupé.» » Le front commun reste cependant à construire: « la CGT a tenté une première réunion commune hier au siège de Gaz de Bordeaux. Un lieu mal choisi au demeurant, plusieurs associations refusant de s’y rendre, considérant la salle insuffisamment neutre. Une autre aura donc lieu prochainement. Ailleurs ».
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Voir aussi, toujours dans Sud-Ouest, le compte-rendu de l’audience du jeudi 29 mars du tribunal correctionnel de Bordeaux: « ex-homme fort de Gaz de Bordeaux de 1989 à 2006, Jean-Marie Gout (y a comparu) pour abus de biens sociaux »).