Quelle vision ont « les consommateurs lambda » des énergies renouvelables? C’est la question à laquelle François Châtelain, responsable marketing chez Primagaz, a souhaité répondre, dans le cadre d’un petit-déjeuner Bip-Enerpresse consacrée aux énergies renouvelables (EnR), ce mardi 14 octobre. Primagaz dispose d’un portefeuille de 160.000 clients (dont 130.000 particuliers), à qui il propose deux offres estampillées Enr: Primawatt (solaire photovoltaïque) et Primasoleil (solaire thermique).
Aides régionales ou locales, fiscalité… Pour François Chatelain, le système de soutien aux EnR domestiques mis en place est vertueux… mais conduit parfois à des aberrations. « Les installateurs ont pour objectif de vendre leurs produits et pour cela ils mettent en avant des solutions clefs en main et, surtout, l’avantage fiscal. Y compris, et c’est là que c’est aberrant, dans des maisons très mal isolées. » Or, en ce cas, le coût d’une installation photovoltaïque est « totalement disproportionné » au regard de ce que permettrait d’économiser la « simple mise à niveau du système de chauffage existant »! L’isolation doit être le premier réflexe, bien avant celui du panneau solaire: « il faut absolument intégrer une approche globale d’efficacité énergétique ». Partant de la distinction entre les énergies fossiles ou nucléaire et les énergies renouvelables, il estime qu’il « n’y a pas de bonnes ou de mauvaises énergies mais uniquement des énergies bien ou mal mises en place. Inutile de mettre une chaudière performante dans une maison qui n’est pas isolée! »
Lui-même constate souvent des « aberrations », à l’instar de ce centre hospitalier des Alpes de Haute-Provence qui a bénéficié d’une aide de la région PACA pour se mettre aux normes HQE et a installé 80 m² de panneaux solaires. « J’ai demandé à visiter, je suis monté sous la toiture et j’y ai vu en accès direct les panneaux solaires: il n’y avait pas du tout d’isolation… »
D’autres exemples peuvent constituer autant de « contre-références notables »: avec les crédits d’impôt ou l’argument d’un chauffage à très bas coût, on constate « un essor fulgurant des pompes à chaleur ». Or la filière n’est « pas bien structurée car le service après-vente ou la maintenance sont quasi inexistants… » (Cf. sur notre forum: Les clients de France géothermie grognent). Sans oublier les chaufferies au bois lorsque la ressource dans certaines régions est trop éloignée…

La crise du logement met à l’index les produits dits « Loi Robien » où l’atout fiscal a fait oublier aux investisseurs les réalités d’un investissement en bien locatif. En sera-t-il de même pour certains produits EnR fiscalement attrayants et énergétiquement « aberrants »?