Tandis que l’instruction se poursuit, Greenpeace, par l’intermédiaire de Stéphane Jadot (entendu jeudi par le juge d’instruction Thomas Cassuto), ex-directeur de campagne, a demandé la mise en examen d’EDF en tant que personne morale. Dans un communiqué, jeudi 17 mars, l’association souligne que « l’espionnage ordonné par EDF à l’encontre de Greenpeace remonte au moins à 2004* et impliquait toutes sortes d’opérations de surveillance, physiques comme informatiques », s’appuyant sur des « éléments du dossier d’instruction » dont elle a pu prendre connaissance. L’association écologiste a en outre demandé à Jean-Louis Borloo, « de suspendre » Pierre Gadonneix, PDG d’EDF, et de mettre en place une commission indépendante d’évaluation de l’industrie nucléaire en France ».
Quant à l’association Sortir du Nucléaire, qui aurait été également visée par des « infiltrations » informatiques, elle s’est constituée partie civile par un courrier adressé au juge d’instruction de Nanterre chargé de l’affaire.

La charge de Greenpeace a été relayée ce week-end par Noël Mamère, député (Verts) de Bègles, qui a repris à son compte le terme « des méthodes de barbouzes », sur France Info. Annonçant que les députés écologistes vont demander une commission d’enquête parlementaire, Noël Mamère a souhaité la mise en examen de Pierre Gadonneix.

Ce dernier est également victime d’un canular avec un avatar sur Twitter (Hey there! Gadonneix is using Twitter.) qui commente régulièrement l’affaire

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* Dès 2004 (et non 2006): c’est ausi ce qu’indique Mediapart; le site aurait eu lui aussi accès au dossier judiciaire de cette affaire d’espionnage présumé d’anti-nucléaires: « Les enquêteurs auraient, selon Mediapart, saisi deux contrats passés entre EDF et l’officine privée Kargus Consultant, chargée par l’entreprise publique de la « veille stratégique » sur les activités des anti-nucléaires, qui attesteraient d’une surveillance commencée dès 2004.
Pierre François, l’un des deux responsables de la sécurité d’EDF mis en examen pour « complicité d’intrusion informatique » au préjudice de Greenpeace, aurait expliqué aux juges que cette « veille stratégique » revêtait plusieurs formes, rapporte également Médiapart, qui cite le dossier judiciaire : « une veille informatique web complétée par du travail sur le terrain, assister aux réunions, assister aux manifestations de ces mouvements, être présent en cas de crise, prendre la température de ces organisations… ». « En d’autres termes », souligne le site, « outre l’espionnage informatique, Greenpeace a sans doute été infiltrée par des agents de Kargus mandatés par EDF. »
Pierre François aurait également évoqué devant les juges des données auxquelles il aurait eu accès concernant « l’organisation de l’ONG en Belgique, en Espagne, peut-être en Grande-Bretagne, disons en Europe. Un dossier qui nous avait intéressés, un dossier sur l’uranium dans le monde. » De quoi suggérer « qu’EDF ne s’est pas seulement intéressée à Greenpeace France, mais à toutes les ramifications de l’organisation en Europe », en conclut Mediapart.
Les témoignages des autres personnes mises en examen, le patron de Kargus Consultant Thierry Lohro et l’informaticien Alain Quiros, dont Mediapart rapporte certaines des déclarations qu’ils ont faites aux juges, contribuent en outre à accabler EDF.
Ainsi, le 14 avril, le patron de Kargus aurait affirmé au juge, selon le site, que le piratage informatique avait été fait « à l’instigation d’EDF. Connaissant mon passé dans les services de renseignement, il m’a été demandé si je pouvais rentrer dans les systèmes informatiques de Greenpeace. C’est M. François qui me l’a demandé (…) Cela ne pouvait pas être légal », aurait-il ajouté. »

(source: Nouvelobs.com).