Dans un entretien au quotidien Enerpresse, Délphine Batho, députée des Deux-Sèvres et ancienne ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, évoque -notamment- la question du parc nucléaire français. Nous en publions un extrait ci-après.

L’entretien complet est en ligne ici.

« Il y a deux impasses dont nous devons sortir. La première consisterait, alors que notre parc arrive bientôt à ses 40 ans, à ne pas se préoccuper de l’avenir. La fermeture de toutes les centrales à 40 ans impliquerait des investissements insoutenables et une explosion des prix de l’électricité pour les ménages. Le deuxième aveuglement consisterait à penser que l’ensemble du parc peut être prolongé jusqu’à 60 ans de durée de vie sans se poser de questions. L’Autorité de sûreté nucléaire a maintes fois prévenu que nous ne sommes pas à l’abri d’un défaut générique.

Ma position apparaît comme la plus sûre : elle vise à organiser progressivement dans le temps la réduction du parc. L’objectif  donné par le président de la République d’une part de 50 % dans la production d’électricité en 2025 est le bon. Nous devons diversifier notre mix électrique et le faire dans des conditions optimales. Nous devons donc prolonger de manière comptable notre parc à 50 ans. Cette décision, de bon sens, est d’ailleurs déjà prise, elle figure dans la décision tarifaire de juillet dernier.

Amortir à 50 ans le parc dans les comptes d’EDF est compatible avec le fait que certaines centrales fermeront à 40 ans de durée de vie, et d’autres seront prolongées jusqu’à 60 ans. Cela permettra de réduire de 3 % chaque année la hausse des prix de l’électricité pour les ménages et cela générera des recettes fiscales et des dividendes pour l’État dont je souhaite qu’ils soient entièrement réinvestis dans la transition énergétique. Soyons clairs : il n’y a pas de contradiction entre la prolongation comptable de l’amortissement du parc et la réduction de la part du nucléaire. C’est la position que j’ai préconisée. Mais tout ceci n’a de sens à mes yeux que si la part de l’État dans le capital d’EDF n’évolue pas à la baisse. »

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