Et voici la fort intéressante contribution de la CRE au débat public sur les soutiens aux énergies renouvelables: un rapport sur les coûts et la rentabilité des énergies renouvelables en France.

La Commission de régulation de l’énergie « dresse un bilan des filières de l’éolien terrestre, du solaire photovoltaïque, de la biomasse et de la cogénération » (mais cette dernière filière n’a guère brillé par sa loquacité).

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Extraits de Décryptages.

Éolien terrestre
La filière éolienne terrestre est une filière mature, présentant de bonnes conditions de concurrence entre les acteurs. Le coût d’investissement, très largement prédominant dans le coût de production, est composé aux trois-quarts du coût des éoliennes, qui suit actuellement une tendance à la baisse vraisemblablement amenée à se poursuivre à l’avenir.
La faible différenciation tarifaire en fonction du productible des installations éoliennes terrestres offre aux installations les mieux situées (conditions de vent favorables) un niveau de rentabilité (TRI) très supérieur au coût moyen pondéré du capital (CMPC) de référence (environ 5 % après impôts, soit environ 8 % avant impôts) utilisé par la CRE pour élaborer ses avis sur les tarifs d’obligation d’achat.

Photovoltaïque
La fi lière photovoltaïque a connu une baisse significative de ses coûts d’investissement et d’exploitation depuis 2010, principalement due à la diminution du prix des modules, qui représente à lui seul près de la moitié des dépenses d’investissement. Sur l’échantillon analysé, de 2 €/Wc pour les installations mises en service en 2011, le coût des modules ne représente plus que 0,7 €/Wc pour les installations qui seront mises en service en 2016. Ainsi, sur la même période, les coûts complets moyens d’investissement sont passés de 4€ /Wc à 1,75 €/Wc.
Au global, la baisse notable des coûts de production s’explique par un eff et d’échelle, les parcs les plus puissants1 étant généralement moins chers, et par un effet d’apprentissage.
Les taux de rentabilité de cette fi lière, supérieurs au CMPC de référence, voire excessifs avant le moratoire du quatrième trimestre 2010, sont en nette baisse depuis la mise en oeuvre d’une tarification dynamique (évolution trimestrielle à la baisse en fonction du nombre de raccordements) et de procédures d’appel d’off res récurrentes.
La mise en oeuvre d’appels d’off res sur les segments les plus concurrentiels de la filière a également permis de ramener les rentabilités à des niveaux proches du CMPC de référence.

Biomasse
Le développement irrégulier de la fi lière biomasse s’explique par l’impossibilité de déterminer ex ante un dispositif de soutien national, qui tienne compte de la diversité des installations, tant en termes de puissance que de plan d’approvisionnement ou de débouché chaleur.

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Un silence cogéné?

Extrait du rapport de la CRE.

« Sur la filière cogénération
Les exploitants des installations de cogénération ont fait preuve d’une très grande réticence à transmettre les éléments demandés par la CRE dans le cadre de la présente étude ; les quelques données recueillies n’ont pas permis de procéder à une analyse représentative des conditions économiques et de la rentabilité du parc de cogénération français.
La CRE réitérera au premier semestre 2014 sa demande formelle de données aux exploitants des installations de cogénération sélectionnées. Elle rappelle par ailleurs que le défaut de communication et d’informations est susceptible de constituer un manquement et, à ce titre, de faire l’objet d’une sanction.« 

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Recommandations de la CRE

Eolien
« • Le recours aux appels d’offres doit être préféré au tarif d’achat unique.
• La structure des tarifs d’obligation d’achat doit être revue afin d’éviter la rentabilité excessive des installations bénéficiant des meilleures conditions de vent, un appel d’offres permettant également d’atteindre cet objectif.
• La durée du contrat doit correspondre à la durée d’exploitation réelle des parcs éoliens, et le niveau des tarifs doit être dimensionné en conséquence. Si la durée actuelle était conservée, le niveau des tarifs devrait être ajusté pour tenir compte de la vente d’électricité sur les marchés, possible après l’échéance du contrat.
• Le niveau du tarif, inchangé depuis 2006, doit faire l’objet d’une révision régulière afin de refléter l’évolution des coûts. »

Solaire photovoltaïque
« • Les appels d’offres doivent être généralisés à l’ensemble des filières matures.
• Les tarifs d’achat dynamiques doivent être maintenus. »

Biomasse
L’appel d’offres pourrait constituer un mécanisme efficace pour développer des installations avec une rentabilité raisonnable, dès lors qu’il prend en compte leur dimension régionale.
Un tarif d’achat régionalisé, comportant des clauses contraignantes en matière notamment de contrôle des plans d’approvisionnement de l’installation, pourrait également constituer une solution appropriée au développement de la filière, mais présente toutefois l’inconvénient d’une complexité de construction des grilles tarifaires. »

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– Cliquez là pour consulter le rapport (Attention: document PDF de- 4,04 Mo);
– Et ici pour la synthèse (dossier Décryptages).