Il y a en France « quelques vieux, voire très vieux, voire une gérontocratie (vous voyez de qui je parle? C’est des Boiteux, des Giscard…) qui veulent nous faire croire que l’éolien est coûteux… » Comme à son accoutumée, Claude Turmes (photo), député européen, qui intervenait à un colloque organisé par l’Ademe dans le cadre du Sireme, ne mâche pas ses mots. En Allemagne ou en Espagne, dès qu’il y a du vent, « les prix de l’électricité baissent, affirme-t-il. C’est vrai sur le marché Norpool, ce sera vrai en France! » D’où son envolée, en opposition au projet de soumettre les éoliennes à la procédure d’autorisation des installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE) prévu par le Grenelle 2, à l’attention de Jean-Louis Borloo, présent à la tribune: « que cette hérésie ne se fasse pas! »
Après avoir fait la bise à son « cher Claude », le ministre d’Etat est néanmoins resté ferme, indiquant que l’ICPE pouvait aussi être un élément sécurisant pour aider les préfets à prendre des décisions.
Photovoltaïque, biomasse, géothermie…: le plan Borloo
Pour Claude Turmes, le « bilan des Boiteux et des Giscard » est déplorable: la France était « la première dans le photovoltaïque, elle a fait Font-Romeu! » Aujourd’hui, elle est quasiment absente de ce marché, dominé par la Californie, déplore-t-il… Jean-Louis Borloo lui emboîte le pas, observant que la France était également première dans la géothermie ou d’autres sources d’énergie renouvelables. « Nous avons laissé filer des filières professionnelles, constate-t-il. Et la bataille mondiale de ces filières professionnelles a commencé. Les premiers qui sortent les voitures décarbonées vont gagner! »
Et le ministre d’annoncer son plan pour développer ces filières: multiplication par 10 des éoliennes (« on peut parfaitement rendre compatible le respect des paysages avec la masse critique éolienne »), multiplication par 12 de la biomasse (avec, bientôt, un troisième appel d’offres) et de la géothermie (avec la reprise des programmes géothermiques en Ile-de-France, Alsace, Centre…). Sans oublier un plan solaire par région: un appel d’offres sera lancé à la fin 2008 pour la construction de centrales solaires d’une puissance cumulée d’environ 300 MW qui sera répartie en fonction du potentiel solaire de chaque région. Pour les particuliers désireux de s’équiper en panneaux photovoltaïques, les démarches fiscales et administratives seront simplifiées. « La France se met en ordre de marche », se félicite-t-il. Avant d’indiquer qu’en 2020, en France il y aura moins de 3 tonnes de CO2 émises par an et par habitant: « à peu de choses près, ce qui est soutenable pour la planète ».