Dans le numéro 495 de septembre 2011, Que Choisir dénonce le « lobbying acharné (d’) EDF et de ses alliés », regroupés dans l’association « Equilibre des énergies », dont le but est de défendre le chauffage électrique.

Dans un article de deux pages, le mensuel détaille « un «plan d’action» assez diabolique visant médias, politiques et experts pour qu’ils en viennent à défendre l’électricité comme mode de chauffage L’objectif est acté noir sur blanc: report de l’application de la RT 2012, remise à plat du coefficient de 2,58 affecté à l’électricité avec la «task force 2,58».

Tout commence autour des fameux 50 kWh/m²/an, si vivement ébattus dans le cadre des lois Grenelle. Pour être labellisés BBC (bâtiment basse consommation), un logement neuf doit ainsi afficher une consommation d’énergie maximale de 50 kWh/m²/an. « En 2013, cette valeur deviendra même le minimum réglementaire pour toutes les constructions », observe Que Choisir, qui souligne que « le monde de la construction joue le jeu ». Avant de rappeler la consommation du parc ancien (350 kWh/m²/an), des logements construits après 2006 (130 kWh/m²/an) et… l’exception dont bénéficie le chauffage électrique: 250 kWh/m²/an.

Le plafond de 50 kWh/m²/an
Que Choisir estime que le plafond de 50 kWh/m²/an est un objectif impossible à atteindre pour les convecteurs et radiateurs électriques. Rappelant que la loi Grenelle a modulé les 50 kWh/m²/an pour « les énergies qui présentent un bilan avantageux en termes d’émission de gaz à effet de serre »*, le mensuel précise que le décret d’application a exclu l’électricité puisque une partie de la consommation de pointe est assumée par des centrales au fioul ou au charbon…

Présidée par Jean Bergougnoux, ancien directeur d’EDF, Equilibre des énergies se donne pour objectif « d’investir progressivement le champ médiatique ». Sont ici ciblés « trois ou quatre journalistes de grands médias et médias spécialisés, dix blogueurs qui seront ambassadeurs dans l’opinion publique » ainsi que des relais politiques et administratifs. Un premier partenariat est à mettre à son actif: l’Union sociale pour l’habitat**, « ce qui ne manque pas de sel  » au regard des problèmes d’impayés dus parfois au chauffage électrique.
En conclusion, Que Choisir appelle à la vigilance: « dès qu’un média ou un politique défendra l’adaptation de la RT 2012 au nom de l’intérêt public, des consommateurs et du mix énergétique… »

Le DPE défavorable au chauffage électrique
Dans le dossier de presse mis en ligne sur son site, Equilibre des énergies déplore que le diagnostic de performance énergétique (DPE) « pénalise beaucoup plus lourdement, les logements chauffés à l’électricité que des logements similaires chauffés au gaz construits à la même époque », en raison du fait qu’il repose sur la consommation d’énergie exprimée en énergie primaire. « Pourtant ces logements électriques sont mieux isolés, présentent, aux conditions économiques actuelles, un coût d’utilisation (charges d’entretien+ abonnement(s)+ coût de(s) énergie(s) ) tout-à-fait comparable, voir inférieur à celui d’un logement chauffé au gaz construit à la même période et, de surcroît, leurs émissions de CO2 sont moindres. Qui pourra convaincre le propriétaire d’un tel logement que cette surpénalisation et la dépréciation de son bien immobilier qui peut en résulter sont justes parce qu’il consomme davantage « d’énergie primaire », concept qui lui est absolument étranger? »

60 millions de consommateurs brocarde une publicité d’EDF
Y figure aussi un graphique (page 9) qui est repris dans une publicité d’EDF publiée ces dernières semaines dans la presse (cliquez ici pour la consulter). Un graphique qui montre l’évolution des prix de différentes énergies par rapport à l’inflation depuis 1998 (et non le prix lui-même). Une nuance qui suscite de vifs débats sur le forum du site Econologie.info, où les défenseurs du chauffage au bois brandissent un autre graphique, mis en ligne par Propellet, qui commercialise des « pellets » (granulés de bois…). L’INSEE d’un côté, la DGEC de l’autre.
Dans son numéro de sepembre, 60 millions de consommateurs brocarde cette publicité, estimant qu’EDF « court-circuite les chiffres » et qu’il est plus économique de se chauffer au gaz naturel. Avant d’observer que « l’évolution modérée du prix de l’électricité semble révolue ».
> On se souvient de la (légère) condamnation de GDF Suez pour une publicité similaire il y a quelques semaines. Pas simple de faire de la pub avec des graphiques excel…

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RT 2012: la méthode de calcul Th-BCE 2012 approuvée par arrêté
On lira le commentaire d’Actu-environnement sur cet arrêté publié au Bulletin officiel du ministère de l’Ecologie du 10 août. La méthode de calcul « permet de vérifier la conformité du bâtiment aux trois exigences de résultats de la RT 2012 (et) se base sur des données connues au moment de la construction (surface, type et caractéristiques des équipements, orientation) et sur des scénarios conventionnels (présence des occupants, conditions météorologiques) ». Il y a… « quelque 1.377 pages d’annexes »!

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* Dans le communiqué de lancement, l’association Equilibre des Energies se dit « convaincue que la maîtrise du changement climatique sera le défi majeur de ce siècle et (…) s’inscrit avec détermination dans la logique du Grenelle de l‘environnement qui a fait de la réduction des émissions de gaz à effet de serre (CO2) son objectif prioritaire. »
** Mais y figurent aussi trois associations de consommateurs: Familles de France, Association Leo Lagrange, Familles laïques de France (cette dernière est une association non agréée. S’agit-il de l’UFAL?).

Mise à jour le 30/08/2011: non, il ne s’agit pas de l’UFAL (cf. Commentaires). Nos excuses pour cette interrogation.