Arte a-t-elle déjà bénéficié d’une telle campagne de promotion pour l’une de ses émissions? On peut en douter. Le buzz autour de l’affaire des « déchets russes » n’a cessé d’enfler, au point que l’Etat, par la voix de Chantal Jouanno, secrétaire d’Etat à l’Ecologie, interrogée par France Info, a affirmé souhaiter une « enquête interne » au sein d’EDF. Rappelant qu’il s’agissait du domaine de compétences de Jean-Louis Borloo, son ministre de tutelle, elle a également dit attendre « des informations (pour ne) pas prendre de décision hâtive ». Puis, à l’Assemblée nationale, Chantal Jouanno a indiqué que le Haut comité pour la transparence et l’information sur la sécurité nucléaire avait été saisi afin de « formuler des recommandations » sur ce dossier.
Le réseau Sortir du nucléaire a estimé que cela revenait à chercher à « gagner du temps pour que l’affaire disparaisse de l’actualité ». Pour réclamer aussitôt le « retour en France des déchets radioactifs français abandonnés par EDF en Russie ».
EDF a rappelé lundi que le groupe ne transportait « aucun déchet nucléaire en Russie (…). Les déchets radioactifs issus du traitement des combustibles restent en France » où ils sont conditionnés et entreposés « en toute sûreté » sur le site de La Hague. En fait de déchets, souligne EDF, il s’agit « d’uranium recyclable, issu du traitement des combustibles des centrales nucléaires d’EDF qui est transporté en Russie pour être enrichi ». La France ne dispose pas de cette technologie, la Russie oui (en théorie). Areva construit à cet effet la future usine George Besse II dans la Drôme qui doit être opérationnelle en 2012. Une nuance que contestent les anti-nucléaires.

Dans son éditorial, Pierre-Angel Gay, directeur adjoint de la rédaction de La Tribune, évoque « un mauvais polar », pour souligner que cette émission met en lumière l’opacité de la transparence (ça c’est du style, hein) de la filière: « Cette affaire met en lumière un certain nombre de faux-semblants sur lesquels repose notre filière nucléaire. Les matières radioactives, que l’on croyait réutilisables à 96%, le sont en réalité à beaucoup moins que cela. Et les 4% de déchets dits « ultimes », hautement radioactifs, ne sont pas seuls à rester sur les bras. La vérité est dérangeante. »
Quant à Laurent Masson, du site moteur nature, il déplore un sale coup pour la voiture électrique: « Quelle vertu y a t-il à rouler en voiture électrique, ou à prendre le TGV, si ce faisant, on pourrit la campagne russe, et laissons à nos enfants des déchets dont la simple proximité génère des cancers? »
Le documentaire signé Laure Noualhat et Eric Guéret est diffusé ce 13 octobre, sur Arte, à 20h45. On scrutera l’audimat.