Les compteurs intelligents le seraient-ils un peu trop? Telle est l’inquiétude manifestée par plusieurs experts, réunis à Madrid, à l’occasion de la 31ème Conférence internationale de protection des données et de la vie privée.
Loin de l’enthousiasme prospectif qui accompagne généralement la promotion des smart meters, les experts ont mis en avant le caractère intrusif des futurs appareils de mesure intelligents que la Commission européenne souhaite généraliser dans un but d’économies d’énergie. Parce qu’ils seraient capables de relever à la seconde près le détail de la consommation d’énergie d’un client, les données recueillies pourraient s’avérer lucratives. Selon Elias Quinn, du Centre pour la sécurité énergétique et environnementale de l’Université du Colorado, cité par l’AFP, il s’agit d’appareils « potentiellement très intrusifs pour la vie privée ». Et de citer des exemples de dérives commerciales potentielles: le fait qu’un client allume souvent la lumière au milieu de la nuit induit qu’il « souffre sans doute d’insommies, ce qui peut intéresser des fabricants de somnifères » tandis que des compagnies d’assurance automobiles s’intéresseraient à « des listings de personnes arrivant tard à leur domicile après la fermeture des bars. Cela leur permettrait de revoir à la hausse les primes pour les clients les plus couche-tard et portés sur l’alcool ». Tempérant les inquiétudes (« Les avantages des compteurs intelligents dépassent les risques pour les usagers ») Elias Quinn plaide cependant pour un encadrement légal des reventes de données collectées par ces compteurs. Tandis que Christopher Wolf, responsable de Future of privacy forum, souhaite « savoir combien d’informations une entreprise peut collecter sur nous, combien d’informations lui sont nécessaires et combien de temps et dans quelles conditions elle peut garder ces informations ».
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Illustration: installation d’un compteur intelligent par l’agent Orwell en 1984 (archive).