Le procès des « fontes grises » débute aujourd’hui au tribunal correctionnel de Mulhouse. Gaz de France (aujourd’hui GDF Suez) devra répondre de « fautes d’imprudence et de négligence » résultant du mauvais renouvellement des canalisations de gaz naturel en fontes grises, un matériau cassant. La société a en effet nettement ralenti le remplacement de ces fontes au milieu des années 90.
L’explosion de la rue Martre, à Mulhouse le 26 décembre 2004, avait fait 18 morts et 16 blessés.

Dans un entretien à L’alsace, Jean-François Cirelli reconnaît la responsabilité de Gaz de France. « Dans le cadre de l’instruction approfondie à laquelle nous avons pleinement collaboré, indique le vice-président délégué de GDF Suez, nous avons reconnu que nous étions bien responsables : une fissure sur une canalisation est à l’origine de l’explosion. Il est clair que cette conduite en fonte grise, répertoriée sur les plans, aurait dû être remplacée. Elle n’a pas été enlevée, c’est une erreur tragique, qui relève d’une responsabilité de l’entreprise ». Il indique également que son groupe a mis en oeuvre un plan de suppression des fontes grises, arrivé à son terme fin 2007: « Il y avait environ 30.000 kilomètres de canalisations en fonte grise (dite «cassante»), dont nous nous étions rendu compte, au cours des années, qu’elle pouvait se fissurer sous certaines contraintes. Au moment du drame de la rue de la Martre, nous remplacions ces fontes, mais il en restait encore 2.040 kilomètres, dont 105 mètres rue de la Martre. Fin 2007, nous avions enlevé la totalité des fontes grises répertoriées. Notre entreprise filialisée de distribution du gaz, GrDF, dépense entre 1 et 2 millions d’euros par jour pour l’entretien du réseau. Si nous n’avions pas remplacé cette canalisation à Mulhouse, ce n’est pas pour des raisons financières, comme certains voudraient nous le faire dire, mais parce qu’à un moment donné, cette conduite a été oubliée, bien qu’elle soit répertoriée ».

Le procès doit durer jusqu’au 20 mars. GDF Suez est poursuivi pour homicides et blessures involontaires, ce qui ne satisfait pas l’association des victimes, qui a fait déposer des citations directes « visant à obtenir la comparution de trois anciens responsables de GDF, dont l’ex-PDG Pierre Gadonneix. Il faut que «les vrais responsables soient en face des victimes. C’est la moindre des choses qu’ils voient tout le mal qu’ils nous ont causé», dit Jean-Pierre Moppert, le président de l’association », cité par Libération.

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Audience : Katia Chéron, directrice juridique de GDF, s’est adressée aux familles des victimes de l’explosion, évoquant un « drame insupportable ». Elle a indiqué que GDF « reconnaît sa responsabilité s’agissant de la cassure de la conduite et le fait que celle-ci aurait dû être remplacée ».