C’est lundi, vous êtes confortablement installé dans votre trend d’une hausse modérée des tarifs de vente de l’électricité avec une nouvelle formule à la clé, de quoi titiller 60 millions de polytechniciens (cf. annonce du gouvernement du 11 décembre 2013), et voici que l’UFE vous réveille à coups de « cadeau empoisonné », rattrapage de la réalité et « pénurie (…) par défaut d’investissement » , de quoi titiller 60 millions de consommateurs.

Vous attrapez votre café d’une main, y trempez le position paper de l’autre, saupoudrez de tarif bleu, puis vous agitez et voici ce que ça donne.

Le gouvernement envisage des hausses « limitées à une fourchette comprise entre 2 et 3 % par an, voire même à moins de 2 %, et ceci au minimum jusqu’en 2018 », rappelle l’UFE, en soulignant que « le niveau actuel d’inflation est de 1,8%. » L’organisation patronale y voit un détournement de « l’esprit de la loi NOME » et évoque des menaces pour la concurrence. 

Indiquant que le « prix de l’électricité doit refléter l’ensemble des coûts », l’UFE les détaille pour montrer que le Gouvernement tablerait sur leur « baisse à moyen terme, compte tenu de l’évolution actuelle des prix de gros (- 10 % en France depuis le 1er janvier 2013). »  Or, plusieurs chefs d’entreprise ont « récemment attiré l’attention (…) sur le fait que le niveau actuel des prix de gros ne permet pas à l’industrie électrique de couvrir ses coûts fixes. » L’UFE évoque également les hausses attendues du Turpe et de la CSPE, sans oublier celles résultant du « doublement du mécanisme des CEE qui doit être supporté, pour un quart, par le secteur électrique (montant estimé : 1 Mds € sur la période) et qui, selon la loi, doivent être intégrés dans les tarifs réglementés de vente (TRV). »

L’UFE estime illusoire de « vouloir échapper à un ajustement tarifaire nécessaire qui, en s’élevant à environ 30 % sur la période 2014/2020, représenterait, pour un consommateur moyen, 225 €, soit un peu plus de 18 € par mois. » Et parle d’un « cadeau empoisonné. Car, à partir de 2018/2020, la réalité risque bien de tous nous rattraper sous forme soit d’une pénurie d’électricité par défaut d’investissement, soit d’une hausse des prix considérable. » La France se trouverait alors « dans une impasse similaire à celle que connait l’Espagne, à savoir un déficit tarifaire de plus de 30 Mds € qu’elle ne sait pas résorber. »

En conséquence, estime l’UFE, en traitant à part la question de la précarité énergétique, il convient de s’interroger sur le fait que 24 millions de ménages bénéficient d’un « prix de l’électricité non soutenable économiquement », appelant à « un traitement beaucoup plus différencié (…) comme cela a d’ailleurs été fait en matière fiscale. »