C’est le buzz énergétique du jour. Sur France inter, Anne Lauvergeon a estimé que l’objectif présidentiel de réduire de 75 % à 50% la part du nucléaire dans le mix électrique d’ici à 2025 était reporté. « Je crois que la date a été plus ou moins renvoyée à plus tard (…). Ca voudrait dire arrêter une vingtaine de réacteurs eje pense pas ce que soit réaliste aujourd’hui ni sur le plan économique ni sur le plan pratique (…). On n’est plus sur une date, on est sur un but », a-t-elle indiqué.

Des propos rapidement repris en boucle sur les réseaux sociaux et qui ont fait réagir nombre d’acteurs, à commencer par les écologistes. Ainsi, Denis Baupin a estimé que ces propos montrent « une bien faible confiance en la capacité d’innovation des énergéticiens français, une faible connaissance des mutations énergétiques en œuvre chez nos voisins et une forme de mépris du travail de tous ceux qui (publics comme l’Ademe ou l’Alliance nationale de coordination de la recherche pour l’énergie, associatifs comme Negawatt, acteurs économiques comme Grdf…) ont élaboré des scénarios énergétiques qui montrent comment la France peut passer à 50% de nucléaire en 2025. »

Il n’empêche qu’on ne peut tenir les propos d’Anne Lauvergeon pour négligeables. Passer de 75% à 50% dans le mix électrique suppose une politique publique orientée en ce sens. Avec plusieurs outils à manier :
– la réduction de la consommation électrique,
– la fermeture de centrales nucléaires,
– la mise en place de sorces de production d’énergie alternatives.

Sur le premier point, le programme J’éco rénove / J’économise affiche des objectifs ambitieux de 500.000 logements rénovés par an. Difficile à mettre en oeuvre, ambitieux, très, mais l’ambition est souhaitable en la matière. La feuille de route existe.

Sur le deuxième point, seule la fermeture de Fessenheim (fin 2016) est actée. Anne Lauvergeon parle de 20 réacteurs à fermer. Lesquels? Quand? La feuille de route est à définir. D’autant plus que fermer une centrale nucléaire ne se fait pas du jour au lendemain.

Sur le troisième point, c’est le… point mort. Hormis l’éolien offshore, mais le chantier est lointain et coûteux, le développement des énergies renouvelables est très hésitant depuis plusieurs mois. A la fois pour des raisons de financement et d’acceptabilité sociale (et les recours, on le sait, retardent les projets). Quant aux centrales thermiques, hormis celle de Landivisiau… Ne négligeons cependant pas l’impact des normes dans l’habitat qui pourraient conduire la part du chauffage électrique à se réduire au profit d’autres sources (gaz, biomasse…). Néanmoins, si 20 réacteurs étaient fermés, il faudrait les remplacer par autre chose: de l’effacement, des énergies renouvelables, du thermique… Là aussi, la feuille de route est à définir.

Le parcours des 50% est encore long et semé d’embûches (et il faudra aussi aborder la question de l’adaptation des réseaux et, bien sûr, celle du coût).

Cela s’appelle sans doute la transition énergétique. Avec un projet du même nom.


Interactiv’ : Anne Lauvergeon par franceinter

Crédit photo: Wikipedia commons