Interviewé par Le Figaro, Francis Rol-Tanguy fait le point sur sa mission et l’absence de dialogue avec les principaux intéressés.
Il indique qu’ EDF « n’est pas résignée à la fermeture » de la centrale nucléaire, que « le contact n’a pas encore été établi » avec les syndicats qui ne souhaitent pas le rencontrer.
> Dans leur dernier communiqué, les syndicats « considèrent que cette annonce politique n’est fondée sur aucun argument technique, économique, social ou environnemental » et en veulent « pour preuve la décision de l’Autorité de sûreté nucléaire « de reconduire l’autorisation d’exploitation de la tranche 1 de la centrale pour les 10 années à venir., reconnaissant en outre « l’avancée des travaux demandés dans le cadre des évaluations complémentaires de sûreté, à la suite de l’accident de Fukushima. »
> Ils ont par ailleurs déposé un recours devant le Conseil d’Etat visant à faire annuler la nomination de Francis Rol-Tanguy (décret du 11 décembre 2012), considérant que l’ASN « et la commission locale d’information et de surveillance (Clis) de Fessenheim auraient dû être préalablement consultées. Sur le fond, elles font valoir qu’en l’absence de risques graves, la décision de fermeture ne peut être engagée que par l’exploitant lui-même. Or (…) EDF n’a formulé aucune demande en ce sens. »
> Evidemment, ça complique un peu le dialogue.
Francis Rol-Tanguy indique qu’à l’exception « de la maire de Fessenheim et du président de la communauté de communes », les élus se montrent plus réceptifs: « à plusieurs niveaux, le dialogue se met en place. »
S’agissant de l’emploi (750 salariés concernés et 250 chez les sous-traitants.), il plaide pour un « accompagnement social », considérant qu’EDF « possède à la fois les voies et les moyens pour procéder efficacement à des reclassements. » Pour les sous-traitants, il a commencé à « à travailler pour voir dans quelle mesure le bassin d’emploi environnant peut offrir des solutions. »
En termes de calendrier, il rappelle que le « gouvernement doit déposer à l’automne la loi sur la transition énergétique qui comportera des dispositions sur la fermeture de Fessenheim », texte qui devrait être voté « à la fin du printemps 2014 », conduisant à la « procédure de décret de mise à l’arrêt définitif (…). EDF devra d’abord déposer un dossier. Le dossier doit ensuite être examiné par l’Autorité de sûreté nucléaire, puis une étude d’impact réalisée, soumise à enquête publique. Il faut compter quatre ans à partir de maintenant mais j’ai bon espoir que le décret de mise à l’arrêt définitif soit pris avant la présidentielle. » Ce qui autoriserait « une éventuelle nouvelle majorité, en 2017, (à) redémarrer la centrale? », l’interroge le quotidien. Oui, mais en refaisant « le chemin inverse. C’est-à-dire lancer une procédure de création d’une installation nucléaire, soit quatre ou cinq ans. Mais on ne peut pas se permettre des à-coups permanents pour une centrale », conclut-il.
Et aussi
Dans Les Echos, Jean-Louis Basdevant, physicien, professeur honoraire à l’Ecole polytechnique, publie une tribune expliquant « pourquoi Fessenheim doit être stoppée. » il considère que la centrale « est sujette aux mêmes risques d’accident que celle de Fukushima. L’accident grave consiste en la fusion du coeur d’un réacteur nucléaire. »
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