Christophe Droguère, fondateur du cabinet Atlas public affairs, a publié une tribune dans Les Echos du 18 décembre 2012 (27 frimaire, An 221), Energie girondine ou énergie jacobine ?
Il y expose la logique du « modèle centralisé, adopté par la France depuis plus de quarante ans », où l’offre prédomine, au bénéfice du consommateur (tarifs bas) mais méconnaissant le principe des économies d’énergie. « C’est ainsi qu’après avoir fait construire son parc de 58 réacteurs nucléaires par EDF, la France a encouragé des usages tels que le chauffage électrique ou la climatisation et un système de grille tarifaire (les fameux tarifs bleus, jaunes et verts) qui est construit sur le principe du plus on consomme moins on paie cher son électricité! Résultat, la France va de record en record de consommation chaque hiver. »
L’auteur estime que ce modèle a « inhibé la plupart des efforts de recherche sur des secteurs comme l’efficacité énergétique, les énergies renouvelables ou le stockage de l’électricité. »
Aussi plaide-t-il pour un modèle décentralisé, qui parte « de l’analyse de la demande », avec pour objectif de « la réduire par le biais d’outils innovants d’efficacité énergétique, ou en encourageant des comportements individuels et collectifs tendant à la sobriété énergétique. » Ensuite, la production est localisée « sur le lieu de consommation (panneaux solaires, géothermie…), puis à l’échelon du territoire proche (éolien, biomasse, hydroélectricité, cogénération) », avec l’apport en équilibre de centrales thermiques ou nucléaires. Christophe Drogère souligne le rôle « des «smart grids», les fameux réseaux intelligents capables de réagir efficacement selon les besoins en énergie des utilisateurs » et le rôle nouveau dévolu aux collectivités territoriales: « en tant que gardiens de l’intérêt général, mais aussi par la loi propriétaires et et avec les autorités organisatrices des réseaux publics d’électricité, de gaz et de chaleur, (elles) doivent agir pour orienter les actions nécessaires. »
Ce modèle décentralisé est celui de l’Allemagne, observe-t-il. Mais aussi, François Furet reviens, « un débat politique » que celui qui s’ouvre sur la transition énergétique pourrait réveiller: « il transpose pour l’énergie le combat éternel de la République, qui oppose en France les courants politiques depuis 1792, à savoir le combat entre les girondins et les jacobins. »
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