Nous reproduisons ci-après un extrait du compte-rendu des débats du 5e Enerpresse Forum, qui s’est tenu les 28 et 29 juin 2012 à Deauville. Cet extrait concerne la table ronde intitulée : «L’âge d’or du gaz: en Europe aussi?», avec les interventions d’Anne-Sophie Corbeau, Senior gas expert de l’Agence internationale de l’énergie, et François-Michel Gonnot, avocat et député honoraire de l’Oise. L’intégralité du compte-rendu est disponible dans le n° 10634 d’Enerpresse, daté du vendredi 10 août 2012.
« Anne-Sophie Corbeau
L’extraction de gaz de schiste se fait aujourd’hui pour l’essentiel en Amérique du Nord. La production de gaz non conventionnel représente à l’heure actuelle 16 % de la production totale de gaz à travers le monde.
La production de gaz de schiste est passée de 20 G.m3 en 2005 à près de 200 G.m3 aujourd’hui. Sa croissance a donc été exponentielle ! Toutefois, l’extraction peut poser certains problèmes environnementaux. Elle doit donc être faite dans les règles de l’art. C’est pourquoi l’AIE a publié un rapport sur les règles d’or à respecter en la matière.
En Asie-Océanie, les gaz de houille vont être développés en Australie, permettant de nouveaux projets de liquéfaction. La Chine est dotée d’importantes réserves de gaz non conventionnel et affiche des objectifs ambitieux. Néanmoins, la qualité des ressources y est variable. Les Chinois ont tendance à être optimistes dans leurs projections. Le Mexique ou l’Argentine disposeraient aussi de gaz non conventionnel. Mais pour eux, le problème ne porte pas tant sur les ressources que sur leurs politiques dans l’amont pétrolier.
Quant à l’Europe, elle hésite beaucoup sur le développement des gaz de schiste. La Pologne est en pointe sur le sujet. De fait, elle essaie de réduire sa dépendance au gaz russe (elle prévoit d’ailleurs aussi d’importer du GNL du Qatar à des prix exorbitants). Je pense que la Pologne aura valeur d’exemple au niveau européen : si les développements de gaz de schiste y sont un succès, cela amènera peut-être d’autres pays du continent à changer leurs perspectives.
François-Michel Gonnot
La France a interdit la fracturation hydraulique pour les gaz et huiles de schiste (mais pas pour la géothermie, bien que la technologie soit la même !). Depuis la loi du 13 juillet 2011, il ne s’est rien passé en matière de gaz de schiste dans notre pays. Un décret du 21 mars dernier prévoit la mise en place d’une commission sur le sujet mais cette commission n’a pas encore été installée.
La question qui se pose aujourd’hui est de savoir si le gouvernement va inclure les hydrocarbures non conventionnels dans le débat sur la transition énergétique. Je vois mal comment cette question pourrait ne pas être traitée dans le cadre du débat. La France serait, après la Pologne, le pays le mieux doté en gaz de schiste. Mais personne n’en a la certitude, faute d’études sur la question.
Il apparaît par ailleurs nécessaire de modifier le code minier et d’adapter la législation environnementale. »