Dans sa lettre d’information datée de septembre, le Médiateur national de l’énergie détaille une position adoptée en commun avec l’Ademe, soutenue par la FNCCR et plusieurs associations de consommateurs.
Ces compteurs doivent être installés « au bénéfice de tous », détaille le Médiateur, qui explique qu’ils devront offrir « une réelle plus-value par rapport aux anciens compteurs », et être installés dans de bonnes conditions.
Ils devront « répondre à un impératif absolu de maîtrise de la demande énergétique », est-il indiqué. Malheureusement, « la quasi-totalité des compteurs électriques n’est pas installée dans un lieu permettant leur consultation régulière: la lecture en temps réel de la consommation effective est donc tout simplement impossible ». Les signataires estiment en conséquence qu’un « afficheur déporté devrait être livré avec chaque compteur ». Le Médiateur rappelle avoir proposé, dans le cadre du « comité Besson », que « tout consommateur français ait le choix entre trois ou quatre services d’information en temps réel sur ses consommations ». Cette proposition ne retarderait pas le déploiement des compteurs mais mais imposerait au distributeur (ERDF et les ELD) de « fournir avec chaque compteur un module de communication vers l’aval ».
> Rappelons que la position de la CRE (délibération du 7 juillet 2011 portant communication sur les résultats de l’expérimentation d’Electricité Réseau Distribution France (ERDF) relative au dispositif de comptage évolué Linky) sur l’afficheur déporté est bien moins enthousiaste :
« La CRE recommande aux pouvoirs publics de lancer une expérimentation permettant d’évaluer les gains de MDE apportés par un affichage en temps réel des données de consommation. Une telle expérimentation est prévue dans le cadre de l’Appel à manifestation d’intérêt (AMI) que l’ADEME a lancé sur les « réseaux et systèmes électriques intelligents », au sein duquel est prévu un volet relatif aux démonstrateurs installés en aval des compteurs. »
Interviewée dans ce même numéro, Virginie Schwartz, directrice exécutive programmes de l’Ademe, souligne les bénéfices potentiels de Linky (« exploitation du réseau, interventions à distance, fonctionnement du marché, etc. ») mais pour estimer qu’il serait dommage de ne pas en profiter pour faire de la MDE à grande échelle, laquelle suppose que les usagers soient mieux informés de leur consommation d’électricité. « Différents travaux internationaux ont montré que, pour être la plus efficace, cette information doit être fournie directement au consommateur sans action de sa part, en temps réel et directement sur le lieu de consommation ». Elle propose de mettre en regard les gains potentiels d’énergie avec le coût de mise en place d’un affichage déporté. Ils pourraient représenter 6% de la consommation d’électricité des ménages (soit un milliard d’euros): le déploiement de l’afficheur serait rentabilisé en un an seulement.
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Seul bémol à cette prise de position: le Médiateur rappelle que les compteurs électriques sont propriété des collectivités concédantes, avant d’ajouter: « la question de la propriété des compteurs Linky n’a pas encore été tranchée ». Ah bon ?
Rappelons que l’article 19 des cahiers des charges de concession précise que « les appareils de mesure et de contrôle mis en oeuvre pour la tarification et la facturation des fournitures (…), -à l’exclusion des disjoncteurs pour fournitures sous moyenne puissance- ou tous autres appareils, y compris les dispositifs additionnels de communication ou de transmission d’information, répondant directement au même objet, ainsi que leurs accessoires (planchette de support, dispositif de fixation et de plombage, etc…) seront normalement fournis et posés par le concessionnaire. Ces instruments seront entretenus et renouvelés par ses soins et feront partie du domaine concédé. »