« Le nuage de Tchernobyl s’est arrêté à la frontière de la cour d’appel », ironise Maitre Eolas sur Twitter. Et Le + Nouvel Obs parle de « justice radio-passive ».
25 ans après la catastrophe de Tchernobyl, à la grande indignation des parties civiles, la cour d’appel de Paris a prononcé un non-lieu à l’encontre du professeur Pierre Pellerin, qui avait été mis en examen en 2006 pour «tromperie aggravée» sur la propagation du nuage radioactif et son impact. La décision de la cour d’appel est conforme aux réquisitions du parquet. Les parties civiles ont annoncé qu’elles allaient se pourvoir en cassation.
En 1986, Pierre Pellerin dirigeait le Service central de protection contre les rayons ionisants. Dans plusieurs communiqués, le SCPRI avait signifié que « le nuage s’était arrêté à la frontière française ». Le nuage de Tchernobyl « ne menace actuellement personne, avait indiqué Pierre Pellerin au JT. Sauf peut-être dans le voisinage immédiat de l’usine et encore… La santé n’est absolument pas menacée aujourd’hui ».
Si la décision rendue aujourd’hui ne constitue pas vraiment une surprise, elle « va laisser un goût amer du point de vue des victimes », estime Maître Fau, avocat de l’Association française des malades de la thyroïde (AFMT), cité par Le Figaro. Elle va également laisser un goût amer chez tous ceux qui dans la société civile ont attaché un intérêt à l’impact que peut avoir un nuage radioactif survolant un pays après une catastrophe nucléaire ».
Le quotidien rappelle qu’un « rapport d’experts, dévoilé cet été, établit pourtant qu’une augmentation importante de la proportion des troubles de la thyroïde a été observée en Corse juste après l’accident de Tchernobyl ».
De fait, plusieurs experts « ne comprennent pas le non lieu », à l’instar de Jean-Claude Zerbib (ingénieur en radio-protection au Commissariat à l’énergie atomique (CEA) au moment de l’accident) ou Monique Séné, présidente du Groupement des scientifiques pour l’information sur l’énergie nucléaire (GSIEN) au moment de l’accident.
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Le 3 septembre dernier, Corse-Matin faisait état d’un rapport médical « accablant ». et en livrait les conclusions: « «Les analyses ont donné des résultats qui montrent pour la proportion des affections thyroïdiennes après 1986 sur l’échantillon étudié, une augmentation sensible à très sensible selon les tiroirs qui va de 9 % à 103,7 % avec une moyenne de 44,34 %.Et selon les tiroirs,« 10 de plus de 30 %, 6 de plus de 40 %, 5 de plus de 50 %, l’un ayant une augmentation de plus de 50 %».
En outre, les experts relèvent « des variations selon les tiroirs qui devraient correspondre à des localisations d’habitat en Corse, des familles étant réparties historiquement dans certaines zones géographiques, selon les indications qui nous ont été données. Il ne serait pas exclu que ces variations soient liées aux différentes expositions régionales au passage du nuage avec pluies, ainsi que le type de consommation familiale, en particulier s’il y a une plus ou moins grande autarcie avec autoconsommation des productions locales ».
L’échantillonnage effectué représente aux yeux des experts « l’estimation la plus fiable que nous ayons pu trouver concernant l’impact du passage du nuage consécutif de l’accident de Tchernobyl puisqu’elle est comparativement avant et après 1986. Nous avons observé une augmentation très importante, après 1986, dans l’espèce humaine de la proportion des troubles thyroïdiens par rapport aux autres affections endocriniennes, le pourcentage moyen étant de 44 % et pouvant atteindre plus de 100 % » »
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Illustration: capture d’écran du site Ideoz, qui propose un voyage sur mesure à Tchernobyl et la zone interdite de Pripyat.
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