Vérité en deça des Pyrénées, erreur au delà? Le gouvernement espagnol ne voit pas d’un très bon oeil la fusion Gaz de France-Suez. Et, selon le Financial Times, serait en train de préparer un dossier pour se prémunir des éventuelles ambitions du futur groupe dans la péninsule ibérique. Pour Madrid, les tarifs administrés de l’énergie s’apparenteraient à une « forme indirecte de subvention publique ». Bref, une aide d’Etat (mot souvent tabou à Bruxelles) bien utile à dénoncer si le futur géant de l’énergie ambitionnait de l’utiliser pour faire des emplettes en Espagne. Le gouvernement de José Luis Zapatero semble avoir gardé un souvenir douloureux du projet de rachat d’Endesa par Eon, qui l’avait pris au dépourvu en 2006. Et n’oublie pas que Suez possède 11,4 % de Gas Natural. Or, la participation de l’Etat français dans le capital du futur groupe pourrait poser problème. Comme EDF en avait fait l’expérience avec Edison en Italie, un plafonnement des droits de vote pourrait être imposé à Suez-Gaz de France. Tout dépendrait donc des relations entre les deux gouvernements. Si le Financial Times évoque l’étroite coopération de Madrid et Paris sur le terrorisme basque, c’est pour mieux souligner que l’énergie figure au premier rang des priorités de la politique industrielle de M. Zapatero. Les protagonistes ont donc tout intérêt à méditer le refrain d’Escamillo:
« Et songe bien, oui, songe en combattant
Qu’un oeil noir te regarde
Et que l’amour t’attend,
Toréador, l’amour, l’amour t’attend! »
Lire l’article du Financial Times.