Dans un communiqué commun, Gaz de France et Suez annoncent avoir trouvé un accord pour fusionner leurs activités. Cette fusion se fera sur la base d’une action Suez pour 0,9545 action GDF. A cela s’ajoute la cession de 65% du pôle environnement de Suez. Le futur groupe sera baptisé GDF-Suez (mais c’est le PDG de Suez, Gérard Mestrallet, qui en tiendra les rênes). L’Etat conservera une minorité de blocage de l’ordre de 35% du capital. La fusion est attendue « courant 2008″…
18 mois de gestation et au final un retour aux questions initiales: la cession des activités « environnement » de Suez permettra-t-elle d’établir cette fameuse parité sur laquelle le dossier bute depuis si longtemps? Les marchés, qui sanctionnent aujourd’hui lourdement les deux titres (à 11h00, Gaz de France à 35,88 € perd 2,50% et Suez à 40,38 € chute de 3,26%), pourraient en décider autrement… Les deux groupes auront sans doute à coeur de ne pas négliger les procédures juridiques d’information des syndicats qui, ce n’est pas une surprise, manifestent à nouveau leur hostilité au projet. La CGT-Energie dénonce la privatisation de GDF (tandis que les actionnaires de Suez s’inquiètent de la nationalisation du groupe…) et la CFDT-Energie déplore le « démantèlement » de Suez. Sur RTL, François Chérèque, son secrétaire général, a rappelé que « la CFDT a toujours dit que cette fusion Gaz de France-Suez avait du sens au niveau industriel, à une condition: qu’on ne démantèle pas Suez… et c’est fait ». C’est à ses yeux une « énorme erreur ». Les deux groupes devront aussi convaincre leurs actionnaires au cours d’assemblées générales exceptionnelles. Pas de souci pour Gaz de France où l’Etat détient 80,2% du capital. Mais, du côté de Suez, cela risque d’être plus sportif… D’autant plus que les conditions de la fusion privent, selon Le Figaro, le futur groupe « d’un trésor de guerre d’une douzaine de milliards d’euros au bas mot s’il avait cédé plus tard les activités d’eau et de propreté » de Suez.
Deux autres questions sont aujourd’hui posées. Les objectifs de sécurité d’approvisionnement énergétique justifient-ils cette fusion? En arguant que la nouvelle entité « ne produira qu’une part minime (environ 10 %) du gaz qu’elle vend et restera dépendante de ses principaux fournisseurs : Gazprom (Russie), Statoil (Norvège), Sonatrach (Algérie) et Gasunie (Pays-Bas) », le journal Le Monde semble en douter. Et du côté des consommateurs? Si la France tient enfin un challenger de poids face à EDF, il est peu probable que cela se traduise par une bataille autour des prix.